Le préside occupé de Mellilia renoue avec les troubles. La «sale» campagne électorale y serait pour beaucoup, mais les élections n'expliquent pas à elles seules cette escalade. Les élections municipales du 22 mai en Espagne se jouent encore à Mellilia. Les quartiers où se concentre une forte communauté musulmane, Cañada et Reina Regente, connaissent, depuis la nuit de dimanche, des affrontements entre jeunes et forces de sécurité. Jusqu'à présent, ces incidents n'ont pas été aussi graves que ceux qui se sont produits en octobre dernier dans les mêmes points de résidence des musulmans. Preuve en est le recours aux forces de l'ordre pour restaurer le calme. Madrid n'a pas encore appelé les militaires à la rescousse. Il est clair que la volonté des médias du voisin du nord est de limiter les raisons de cette vague de protestations en une frustration post-électorale passagère. La victoire du Parti Popular (droite) aux élections du 22 mai (majorité absolue) est présentée par la presse espagnole comme à l'origine de cette escalade. Les partisans de Coalición por Melilla (CPM) de Mustapha Aberchane, qui n'a récolté que six sièges au scrutin de dimanche, n'auraient pas accepté que leur formation fasse partie de l'opposition pendant les quatre ans à venir. Depuis 2000, c'est la droite du PP qui gouverne la ville occupée. Ils seraient, selon les mêmes sources, les auteurs de ces incidents. Acheter les voix est monnaie courante à Mellilia. Les partis politiques ont souvent recours à des méthodes peu démocratiques, pour garantir le vote d'une population versatile. Les incidents d'octobre ont été imputés aux PSOE et à Coalicion pour Melilla. Le PP local les avait accusé d'accorder, avec la bénédiction du représentant du gouvernement de Madrid, la priorité à leurs partisans afin qu'ils bénéficient des avantages d'un plan pour l'emploi d'une durée de trois à cinq mois, moyennant le paiement de 1 100 euros mensuels. Sur ce registre, la droite joue des mêmes procédés pour courtiser les habitants les plus démunis. Juan José Imbroda, le président sortant du conseil municipal de Mellilia, avait promis aux jeunes musulmans, en octobre dernier, une formation professionnelle pendant trois mois avec en prime 400 euros mensuels. Une riposte de celui qui préside cette ville depuis 2000,face aux plans du PSOE et de la Coalicion pour Melilla (CPM) de Mustapha Aberchane. Parfaitement en phase avec ces informations, le président sortant du conseil municipal de Mellilia, Juan José Imbroda, est monté à l'arbre de la polémique. Le chef des conservateurs locaux s'est dit convaincu que Coalición por Melilla est derrière ces troubles. C'est sa riposte aux propos de Mustapha Aberchane, accusant la droite du PP d'acheter des voix lors du scrutin du 22 mai. Une victoire qui ne serait pas aussi « clean » que le clame la droite. Puisqu'une autre formation, Populares en Libertad, porte les mêmes accusations contre les amis de Mariano Rajoy à Mellilia. C'est dire que le jeu politique de cette ville méditerranéenne, est en déphasage avec les normes démocratiques pratiquées en Espagne. La campagne électorale aux élections municipales a été marquée par une vive tension – et c'est un euphémisme – entre les différents protagonistes. Même la presse n'a pas été épargnée par les éclats des confrontations des politiciens. Le traitement des médias espagnols des incidents de Mellilia est, encore une fois, partiel. Il est clair que la volonté des médias du voisin du nord est de limiter les raisons de cette vague de protestations en une frustration post-électorale passagère. Et rien de plus. Ils craignent en effet que le mouvement du 15 mai en Espagne ne fasse tâche d'huile au préside occupé de Mellilia. Un raisonnement battu en brèche par les récents incidents d'octobre 2010, au cours desquels les jeunes des mêmes quartiers musulmans avaient dénoncé, à leur manière, des irrégularités dans la sélection des bénéficiaires d'un plan du gouvernement central de Madrid destiné aux sans-emplois de la ville occupée.