La décision des autorités de Mélilia d'interdire l'importation des moutons marocains pour la fête de l'Aïd El Kébir divise les partis politiques et inquiète les familles à revenus modestes. Les moutons marocains sont désignés «bestia non grata» à Mélilia. Le département en charge de la Santé a interdit l'importation de moutons du royaume, à cause de la fièvre aphteuse. Cette mesure sera appliquée durant les deux prochaines années et «servira pour améliorer le niveau de sécurité alimentaire et sanitaire», souligne le département en charge de la Santé. De fait, cette décision émane des instances européennes. Or, cette mesure ne fait pas l'unanimité auprès de la population musulmane. Pour rassurer la communauté musulmane, le président du gouvernement, Juan Imbroda a fait miroiter les possibilités d'affaires qu'offre cette mesure aux commerçants de la ville, et les «gains pour l'Espagne». Le baron du Parti populaire a souligné qu'environ 5.000 têtes de moutons seront acheminées de la Péninsule ibérique pour satisfaire la demande de la population musulmane de l'enclave. Imbroda estime que le ravitaillement en moutons ne sera pas un problème, en revanche une épidémie de fièvre aphteuse «peut être un vrai problème pour Mélilia». Toutefois, la décision d'importer le cheptel ovin de la péninsule fera monter les prix, alors que le prix de cette espèce ovine d'origine marocaine est plus compétitif et davantage accessible à toutes les bourses. À cet effet, le Parti socialiste de Mélilia a critiqué cette mesure et a appelé à l'intensification des contrôles de sécurité vétérinaire aux frontières au lieu de les fermer et priver les familles aux revenus modestes de cette importante fête religieuse. La porte-parole du PSOE à l'Assemblée de Mélilia a rappelé que durant de nombreuses années, les services vétérinaires ont détecté des cas de la fièvre catarrhale ovine (maladie de la langue bleue), et les contrôles se sont renforcés sans pour autant procéder à interdire l'accès à cette espèce animalière. Cette interdiction d'ordre sanitaire à première vue, revêt pour les musulmans de l'enclave une importance cruciale et ravive le sentiment de discrimination et de marginalisation dont ils se disent être victimes. En effet, la communauté musulmane de l'enclave, majoritaire en l'occurrence, bataille pour que le gouvernement local mette en place des infrastructures capables d'améliorer les conditions de célébration de cette fête religieuse. C'est l'une des revendications du parti Coalition pour Mélilia. Cette formation politique représentante de la communauté musulmane estime que l'enclave devrait se doter d'exploitation d'élevage, à l'instar de Sebta, pour ne plus dépendre du cheptel marocain.