La décision prise par le gouvernement El Otmani d'intégrer l'espace maritime du Sahara dans ses eaux territoriales divise les hauts cadres du Polisario. Bachir Mustapha Sayed, réputé pourtant d'être un modéré, a pris la tête d'un courant qui plaide pour l'envoi d'éléments armés du Front dans la zone de Guerguerate en réponse à la décision marocaine. La direction du Polisario n'a pas encore arrêté une décision finale pour riposter à l'intégration par le gouvernement marocain du domaine maritime au Sahara dans ses eaux territoriales. «Le secrétariat général du Front a tenu, hier, une réunion houleuse consacré à ce sujet», nous confie une source au Sahara. «Au cours de la rencontre, deux tendances diamétralement opposées se sont vivement affrontées. La première adoptée par Brahim Ghali et les siens était pour l'apaisement et éviter toute escalade avec le royaume. En revanche, l'autre courant animé par Bachir Mustapha Sayed (le frère du fondateur du Front) était plutôt favorable à une ferme réponse à ce qu'il qualifie de 'provocation' marocaine», ajoute-elle. Menace de se redéployer dans la zone de Guerguerate ? Cette divergence de point de vue n'obéit pas à des arguments logiques. Elle révèle au grand jour les divisions criantes entre les ténors du mouvement séparatiste. Ceux-là même ayant des ambitions personnelles pour diriger le Polisario. «Dans leur opposition à la ligne de la direction, les partisans de l'aile dure ont brandi la menace d'un redéploiement des milices du Polisario dans la zone de Guerguerate», indique la même source. Une proposition qui n'a pas eu l'adhésion de la majorité. Néanmoins, Bachir Sayed et ses alliés ne s'avouent pas encore vaincus. Le rapport de force établi à l'issue de la réunion d'hier du secrétariat général du Front pourrait facilement changer si le pouvoir algérien déciderait d'appuyer le camp des opposants. «Chez le voisin de l'Est, des voix estiment que le moment est opportun pour relancer le front de Guerguerate. Ils croient que les événements d'Al Hoceima leur offrent une occasion idoine pour entreprendre une telle fuite en avant», ajoute notre interlocuteur. La menace de possible escalade à Guerguerate interpelle d'abord les Nations unies à travers sa mission au Sahara occidental. Le Polisario était contraint de se retirer de la zone tampon, après des mois de présence et ce, à la veille de l'adoption de la résolution 2351 par les membres du Conseil de sécurité.