L'ancienne médina d'El Jadida témoigne du passage des Portugais au Maroc. Ces derniers avaient construit une ville fortifiée pour résister aux assauts répétés des armées marocaines. Les fortifications protégeaient les habitants et subsistent jusqu'à présent malgré leur démolition partielle suite à l'abdication des Portugais en 1769. El Jadida est une ville riche de son passé portugais qui a laissé des traces indélébiles avec les fortifications au style manuélin qui s'érigent face à l'océan Atlantique. Depuis 2004, la ville est inscrite dans le patrimoine mondial de l'Unesco et représente un endroit prisé des touristes en recherche de fraicheur en pleine canicule. La cité historique située dans la vieille ville est un joyau architectural datant de la colonisation portugaise. «Ici pas de horde de touristes et donc de vendeurs de souvenirs trop insistants. A El Jadida, la vie s'écoule tranquillement», écrivait Le Parisien dans un article dédié à Mazagan. Située à 90 km au sud de Casablanca, le calme de cette ville de 195 000 habitants attire beaucoup de touristes envoutés par son charme atypique. «Il est fortement conseillé d'emprunter le chemin de ronde et de se perdre, sans trembler, dans le dédale de ruelles encerclées de remparts immortels (…) De la forteresse, on aperçoit au loin des pêcheurs de thons, de sardines ou de daurades qui réparent leurs filets», ajoute la même source, conseillant de prendre son temps pour découvrir la ville. Les remparts de Mazagan. / Ph. El Jedida Scoop La forteresse ne date pas d'hier, mais du temps de la colonisation portugaise en 1514. Les Portugais décident de construire une citadelle sur le site de Mazagan, en raison de sa proximité avec Azemmour, qu'ils occupent. «L'état de la barre ne permet pas toujours aux navires de remonter le cours de l' Oum Er-Rbia. L'objectif est alors de briser l'isolement d'Azemour, la baie de Mazagan étant plus facilement accessible», déclare à Yabiladi Christian Feucher, écrivain du livre «Mazagan (1514 – 1956)». «En 1541, les Portugais sont chassés de Cruz du cap de Ghir (Agadir) par les Marocains et décident d'abandonner Safi et Azemmour, cités marocaines qu'ils avaient conquises mais qu'ils jugent difficilement défendables.» «Les Marocains n'avaient pas le droit de pénétrer au sein de la forteresse» A partir de ce moment, le rêve de conquête du Maroc est oublié par les Portugais. Ils décident de bâtir de toutes pièces sur le site de Mazagan une nouvelle ville pour disposer «malgré tout d'une place forte sur la terre marocaine». Des remparts délimitent la cité sur un espace d'un hectare où se côtoient maisons, églises et entrepôts. La citadelle se trouve ainsi au centre de la cité et ne dispose plus de sa vocation militaire. «Les Marocains n'avaient pas le droit de pénétrer au sein de la forteresse où vivaient exclusivement des Portugais», indique l'écrivain. La ville était construite pour résister aux assauts des armées marocaines et pour servir de base de repli aux troupes portugaises. Les Marocains ne baissent pas les bras et réussissent à vaincre les troupes du roi Joseph Ier en 1769. «Lisbonne décide d'abandonner la ville. Une trêve est conclue pour que l'évacuation de la population portugaise se fasse du mieux possible. Mais, par dépit, alors que les derniers navires s'éloignent, des mines placées par les Portugais explosent et détruisent une partie des remparts et des maisons», raconte Christian Feucher. Mazagan est alors «ruinée et quasiment inhabitée jusqu'au début du XIXème siècle» malgré les travaux de reconstruction entrepris par le sultan Mohammed III de la dynastie alaouite qui ne sont que partiels. La citerne d'El Jedida. / Ph. Laurent Vilbert Photographies La «cité portugaise» reprend du poil de la bête quand sa vocation de port de commerce s'affirme. Des msulmans, juifs et européens cohabitent et participent à l'essor d'El Jadida qui commence à s'étendre en dehors des murs de l'ancienne cité. «Les travaux de restauration entrepris pendant le Protectorat et depuis l'indépendance ont permis de redonner à l'enceinte et à beaucoup de ses constructions leur physionomie d'antan», ajoute l'écrivain de «Mazagan (1514 – 1956)». La citerne d'El Jadida, symbole de survie Au centre de la forteresse, une citerne d'eau, en parfait état, était essentielle à la survie des habitants au sein de la citadelle, vu que Mazagan vivait de longues périodes en état de siège. L'endroit est emblématique à El Jedida et a inspiré le réalisateur américain Orson Wells en 1952 qui y tourna des scènes de son film «Othello». Une vaste salle souterraine voûtée qui servait de salle d'armes avant d'être utilisée comme réserve d'eau. «L'endroit est sombre, mais le soleil qui s'engouffre par l'unique ouverture ronde du toit projette un large rayon de lumière qui, frappant la surface de l'eau, donne lieu à une atmosphère particulièrement poétique», écrit Le Parisien. Pour entrer au sein de la citerne il vous suffira de payer 10 dirhams.