El Jadida (الجديدة en arabe) est une ville côtière du Maroc, à 96 km de Casablanca. C'est la préfecture de la province d'El Jadida. El Jadida (ou al-Djadīda) est l'actuel nom de l'ancienne Mazagão (Mazagan), cité fortifiée édifiée par les Portugais au début du XVIe siècle, qui ne fut reprise par les Marocains qu'en 1769. Les fortifications de la cité portugaise, avec leurs bastions et remparts, constituent un exemple précoce de l'architecture militaire portugaise de la Renaissance. Les édifices portugais encore visibles sont la citerne portugaise, la forteresse portugaise de Mazagan et l'église de l'Assomption, construite dans le style manuélin. Ils offrent un témoignage exceptionnel des influences croisées entre les cultures européenne et marocaine. Dès le début du XIXe siècle, la ville éclata hors des remparts de la cité portugaise. Elle s'étend aujourd'hui très au-delà de ce qui n'est plus qu'un îlot historique au bord de l'Atlantique. Mouillage apprécié des navigateurs, le site Mazagan est désigné sous le toponyme "Māzighān" par al-Idrīsī (XIIe siècle)[1] et celui de Mesegan ou Mazagem sur certains portulans européens du Moyen-Âge. Selon certains auteurs, le mouillage était connu des Européens dès le début de l'ère chrétienne : il se confondrait avec le port de Rutubis évoqué par Pline l'Ancien (Ier siècle ap.J.-C.) et celui de Rousibis dont parle Ptolémée (IIe siècle ap. J.-C.)[2]. Quelques historiens soutiennent qu'il correspond au site d'Akra cité dans le "Périple d'Hannon" (Ve siècle av. J.-C.)[3] ). Il ne s'agit là que d'hypothèses. Les Portugais édifièrent à Mazagan une forteresse - un château flanqué de quatre tours - en 1514, puis en 1542 une ville fortifiée ceinte d'épaisses murailles, qui pouvait accueillir plusieurs milliers d'habitants, tous originaires du Portugal. Durant plus de deux siècles, Mazagan résista aux assauts des Marocains qui cherchaient à s'en emparer. La présence portugaise prit fin en 1769, quand la ville fut prise par Sidi Mohamed ben Abdellah. À la veille de l'assaut, le commandant de la place reçut de Lisbonne l'ordre d'évacuer la ville. Un accord fut passé avec Mohamed ben Abdellah pour que les Portugais quittent la ville sans crainte d'une attaque. Avant leur départ, ceux-ci décidèrent de miner tous les bastions. Lorsque les Marocains pénétrèrent dans la cité, une série d'explosions détruisit les murailles et fit de nombreuses victimes. Entre la libération de la ville et jusqu'au début du XIXe siècle, la cité fut appelée El-Mehdoûma, "la Ruinée". Moulay Abd ar-Rahman, proclamé sultan en 1822, décida de restaurer la cité fortifiée et de l'appeler El Jadida, "la Nouvelle". Des commerçants européens, surtout des Anglais originaires de Gibraltar, vinrent s'y installer. La ville accueillit de nombreux habitants venus de l'intérieur du pays. Elle déborda rapidement des limites de la cité portugaise, désormais souvent désignée sous le nom de Mellah car les juifs y étaient les plus nombreux. Au début du XXe siècle, El Jadida, que les Européens continuaient à appeler Mazagan, devint un des ports les plus importants du Maroc. À partir de 1912, sous le protectorat de la France, une ville nouvelle fut créée comprenant un centre d'affaires (administrations, banques, etc.)et des quartiers résidentiels à l'attention des émigrants français.