El Jadida, dont plusieurs bâtisses portent encore la marque de l'architecture française de l'époque coloniale, est célèbre aussi par sa cité portugaise qui ne cesse de susciter la curiosité et la passion des visiteurs marocains et étrangers en tant que monument historique témoignant du brassage culturel et religieux qui a caractérisé cette ville. Cette forteresse portugaise, qui date du 16ème siècle, s'impose depuis toujours comme le monument phare du patrimoine historique d'El Jadida. Classée patrimoine universel de l'humanité par l'Unesco en 2004, la cité portugaise, témoin de la présence portugaise au Maroc durant le 16 siècle, est visitée chaque année par des milliers de touristes qui viennent des quatre coins du monde pour admirer son architecture et ses remparts. Cette cité, l'une des premières établies par les Portugais en Afrique occidentale, constitue un reflet exceptionnel des influences croisées des cultures européenne et marocaine, qui apparaissent clairement dans l'architecture et l'urbanisme. Les fortifications portugaises de Mazagan, qui font aujourd'hui partie de la ville d'El Jadida, représentent des chefs-d'oeuvre de l'architecture militaire portugaise de la Renaissance. Les édifices portugais encore visibles dans cette cité sont la citerne portugaise et l'église de l'assomption, construite dans le style manuélin. La forteresse portugaise est connue notamment pour sa vaste salle souterraine et voûtée faisait partie du château fort construit en 1514. Elle servit de salle d'armes avant d'être utilisée comme réserve d'eau. Sur un plan carré, cette structure comporte six nefs dont les voûtes d'arêtes reposent sur 25 colonnes et piliers. La travée centrale est percée d'un large oculus par lequel se déverse la lumière du jour qui produit, par réflexion sur l'eau de la citerne, un surprenant effet de miroir imprégnant le lieu d'une atmosphère magique. La majestueuse citerne portugaise d'El Jadida a séduit plusieurs cinéastes de renommée mondiale, comme Orson Welles qui y tourna certaines séquences de son film "Othello". Quelques scènes des films "Le retour de l'étalon noir", du réalisateur français Arthur Joffé, ont également été tournées dans ce site historique. Selon Aboulkassem Chebri, directeur du Centre d'études et de recherches sur le patrimoine maroco-portugais, relevant du ministère de la Culture, la construction de Mazagan s'est faite en deux phases, de 1510 à 1514 et de 1541 à 1548. La forteresse représentait à l'époque un style avant-gardiste de l'architecture militaire portugaise, a-t-il noté. Il a fait savoir que les Portugais ayant vécu à Mazagan sont partis par la suite pour le Brésil où ils ont fondé, au bord du fleuve de l'Amazone, une ville qui sera appelée la nouvelle ville de Mazagan (Vila Nova do Mazagao) et qui existe jusqu'à nos jours. Le chercheur marocain a relevé que la ville forteresse de Mazagan fera l'objet, au 19ème siècle, de travaux de restauration pour être baptisée El Jadida et repeuplée par les musulmans et juifs, ajoutant que ces travaux ont donné à cette cité également son cachet architectural marocain, notamment après la construction d'une mosquée au sein du château fort. La cité s'est est devenue par la suite un centre de commerce et une place consulaire importante, a-t-il poursuivi, soulignant que les pavillons d'une quinzaine de pays flottaient dans le ciel de la ville et que les marques de ces temps consulaires sont encore visibles. Evoquant la situation actuelle de la cité portugaise, M. Chebri a plaidé pour la valorisation de ce monument historique ainsi que de son environnement direct, à travers un plan d'action global impliquant l'ensemble des acteurs concernés par la sauvegarde du patrimoine, dont les autorités locales, les élus, le secteur privé et la société civile.