Selon Al Ahdath Al Maghribiya, les conseillers du PAM vont entamer les procédures pour appeler à la constitution d'une commission parlementaire chargée d'enquêter sur le Hirak. Une idée revendiquée par le Parti de l'Istiqlal et décriée par la conseillère municipale PJD Souad Chikhi. Les conseillers du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM) à la Chambre haute ont désormais la bénédiction d'Ilyas El Omari pour entamer les procédures visant à constituer une commission d'enquête sur le Rif. L'information a été rapportée hier par le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribiya. Selon le journal, le groupe parlementaire a reçu le feu vert du secrétaire général du Tracteur afin de s'atteler à la constitution de la commission. El Omari concrétise ainsi la promesse qu'il a annoncée mardi 13 juin sur Al Aoula. «Le feu vert accordé aux conseillers du PAM» les autorise à «entamer la récolte des voix d'un tiers des membres de la Chambre, conformément à l'article 77 du règlement intérieur de la Chambre des conseillers» pour former la commission, laquelle est «demandée par le roi», poursuit Al Ahdath Al Maghribiya. Le journal informe aussi que la commission d'enquête parlementaire s'intéressera «à la situation du Rif en général et à Al Hoceima en particulier». Une idée du Parti de l'Istiqlal ? Or, l'initiative des conseillers du Tracteur n'est pas sans déplaire, à commencer par le groupe parlementaire du Parti de l'Istiqlal. Dans une déclaration accordée à Yabiladi, son président, Noureddine Modiane ne cache pas son mécontentement : «De quoi parle-t-on ? L'initiative a été présentée il y a plus de trois mois par le groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme», s'indigne-t-il. Il tire ensuite sur «plusieurs groupes parlementaires» au Parlement sans les citer. «Au début, plusieurs groupes parlementaires se sont désengagés, affirmant vouloir prendre du temps avant de soutenir notre proposition sans donner suite à notre demande. Lorsque nous avons demandé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire, nous n'avons pas trouvé une oreille attentive.» Pour Modiane, l'idée d'une commission parlementaire destinée à enquêter sur les événements d'Al Hoceima est «celle du groupe istiqlalien». «Nous attendons toujours le retour des groupes parlementaires. Notre proposition est toujours à l'ordre du jour», affirme-t-il, ajoutant que les discussions avec les autres formations politiques représentées au Parlement seront «relancées à nouveau». De son côté, une source au sein du Parti de la justice et du développement (PJD) nous informe qu'une réunion aura lieu ce mardi pour discuter d'une position officielle sur l'appel que compte lancer le groupe parlementaire du Tracteur à la Chambre haute. Une tentative de «détourner l'attention des réels problèmes à Al Hoceima» En attendant la réaction du parti d'Abdelilah Benkirane, son ancienne parlementaire et actuelle conseillère municipale à Al Hoceima, Souad Chikhi annonce déjà la couleur : «Il y a une grogne sociale : des arrestations dans les rangs des manifestants et des problématiques du secteur de la pêche maritime. Une commission parlementaire n'aura pas l'autorisation d'enquêter car les deux dossiers sont actuellement devant la justice. Sur quoi la commission va-t-elle finalement se pencher ?», s'interroge-t-elle. L'ancienne parlementaire du parti de la Lampe rappelle aussi que le projet «Al Hoceima, ville phare de la Méditerranée» est intervenu après les élections municipales de 2015. D'après elle, il s'agit d'un projet royal «en cours, qui n'a aucune relation avec le Parlement». «Je pense que la proposition du PAM n'est autre qu'une tentative du PAM de revenir sur scène, détourner l'attention des réels problèmes à Al Hoceima et s'imposer en tant qu'intermédiaire. On ne dit pas que le PAM est l'unique cause des problèmes que connaissent actuellement la ville et sa région, mais qu'il est une partie du problème. Le PAM a en effet contribué à cette crise puisqu'il gère les institutions élues, la région, le conseil municipal… depuis 2009.» Pour Souad Chikhi, certains leaders du Tracteur se sont «autoproclamés intermédiaires du Rif pour négocier entre cette région et le centre». «Ils ont de facto une grande responsabilité dans cette situation puisque les rapports avec cette partie du Rif n'étaient pas institutionnalisés ; ils étaient établis par des personnes, des intermédiaires qui n'ont fait qu'aggraver la crise», nous dit-elle. «Nous savons aussi que les commissions d'enquête parlementaires ne vont généralement pas jusqu'au bout de leurs investigations, qui ne dépassent guère le niveau de rapport, sans que cela ne soit présenté à la Justice», conclut-elle. Contactés par Yabiladi, Mustapha Echennaoui de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) et Abdelouahed Radi de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) nous ont invités à prendre contact avec leurs bureaux politiques respectifs pour connaître la position officielle de ces partis. De leurs côtés, les élus du Rassemblement national des indépendants (RNI) et du Mouvement populaire (MP) n'étaient pas joignables.