Le Hirak secoue la ville d'Al Hoceima et la région du Rif depuis plus de sept mois. Suite à des heurts lors d'un rassemblement le 26 mai dernier, plusieurs activistes ont été interpellés puis condamnés cette semaine à des peines de prison ferme. Leurs condamnations font polémique. Détails. Le tribunal de première instance d'Al Hoceima a condamné, le 14 juin, 32 activistes du Hirak arrêtés suite à des heurts lors d'un rassemblement du mouvement de contestation. 25 d'entre eux ont écopé de 18 mois de prison ferme. Beaucoup de personnes se sont insurgées sur les réseaux sociaux estimant ce verdict injuste. L'un des avocats chargé de la défense des accusés, Abdessadak El Bouchattaoui a livré dans une longue vidéo sur Facebook sa «surprise» après «ces condamnations sévères et inattendues» auxquels la défense et les accusés ne s'attendaient pas. «L'audience a duré plus de 18 heures, avec la présence de plus de 20 avocats présents», précise-t-il. «Il y a une infraction des principes d'un procès équitable et l'absence d'une condamnation juste». La faiblesse de l'enquête menée par le tribunal est notamment pointée du doigt par l'avocat. «Les procès-verbaux sont faux, puisque les accusés n'ont pas été entendus. Ils ont dû signer sous la contrainte». Certains accusés ont affirmé devant le tribunal avoir été victime de violence lors de leur arrestation, mais aussi violence verbale au commissariat de police, rappelle la même source. «L'un des accusés a tellement été humilié qu'il s'est évanoui à plusieurs reprises», s'insurge Abdessadak El Bouchattaoui. Condamnations «injustes» et procès «inéquitable» Même son de cloche auprès de Lahbib Hajji, le président de l'association de défense des droits de l'homme, contacté par Yabiladi, il considère les condamnations «injustes» et le procès «inéquitable». Il argue que beaucoup de violations ont été commise par la police lors de l'enquête. «Il y a eu l'infraction de l'article 23, 24, 57, 47, 66, 67 et 69 du code pénal», précise l'avocat de profession. La défense a tenté de démontrer le peu de preuves dont dispose la justice. «Beaucoup d'accusés n'ont pas signé leur procès-verbal et certains l'ont fait alors qu'ils ne savaient pas ce qui était écrit dessus», ajoute le militant associatif. Il dénonce les violences qu'ont subi les activistes du Hirak, dont les traces sont visibles sur le corps «des bleus et les yeux au beurre noir». Du coté des parlementaires, la députée du Parti de la lampe Amina Maelainine a déclaré dans un publication sur Facebook : «Les condamnations judiciaires à l'égard des manifestants du Hirak d'Al Hoceima sont regrettables. Elles ne peuvent faire partie des efforts d'apaisement. Je suis de tout cœur avec les mères de ces jeunes. C'est malheureux la tournure que prennent les choses. On se dirige vers une accumulation de rancœur et de haine.» Abdessamad Belakbir, politologue contacté par Yabiladi relativise de son côté : «Les condamnations on ne peut les qualifier comme sévères», surtout si les activistes ont commis des infractions. «Il y a eu 300 policiers blessés et un bâtiment de la sureté nationale brûlé», rappelle-t-il. Il demeure toutefois confiant que la crise du Hirak va s'apaiser d'ici la fin du mois de Ramadan. «S'il y a réconciliation il y aura le pardon des accusés qui seront probablement libérés. Sinon, on se dirigera vers un conflit violent où les revendications du peuple vont se fracturer.»