Après la grève générale, largement suivie jeudi après-midi, Al Hoceima a connu une marche qui s'est déroulée sans incident. Mais au-delà de ces deux actes de protestation se dessine timidement une volonté des deux parties, l'Etat et les meneurs de la «Mobilisation», de désamorcer la crise. Détails. Marche Hirak dans le Rif du 18 mai 2017 / Ph. Omar Radi - Twitter Marche Hirak dans le Rif / DR Marche Hirak dans le Rif / DR Comme prévu, les meneurs de la «Mobilisation» ont organisé une marche. La participation des habitants était au rendez-vous. «Avant même le coup d'envoi, 18 heures du jeudi 18 mai, les grands taxis et des voitures particuliers bondés de citoyens affluaient de Bni Bouayach, Boukidane, Imzouren et Bni Boufrah vers le centre d'Al Hoceima. Des manifestants de Nador ont également répondu présent à l'appel lancé par Nasser Zefzafi», nous confie une source locale. Avant de battre le pavé, les marcheurs ont prêté serment de préserver le caractère pacifique de la protestation. Une preuve de plus de l'influence de Zefzafi. Hier, le tribun a exhorté ses fidèles à éviter toute confrontation avec les forces de l'ordre. Un appel qu'il a réitéré aujourd'hui alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture en route vers Al Hoceima. De leur part, les autorités ont modifié leur approche. «Si le matin, elles ont dressé des barrières de sécurité pour empêcher les manifestants de converger vers le centre d'Al Hoceima, elles ont ensuite fait volte-face», nous explique la même source. Et d'ajouter que les forces de sécurité ont également effectué un retrait. Ce qui a permis à la marche de se dérouler dans le calme et sans incident. Zefzafi modère ses propos Contrairement à son message au ton virulent du mercredi, force est de constater que Nasser Zefzafi a adouci son propos. Dans sa nouvelle vidéo, exit toutes les citations du Coran et Hadith du prophète ainsi que les références "à l'obligation religieuse" de prendre part à la marche. Par ailleurs ses griefs sont désormais portés à l'encontre du gouvernement et tout particulièrement Saâdeddine El Othmani et non plus uniquement contre le «Makhzen et l'Etat marocain». C'est dans ce cadre-là qu'il a traité le cabinet du PJDiste de «Baltajis». Tout au long de son message, Zefzafi n'a eu cesse de mettre l'accent sur le «droit légitime de manifester pacifiquement pour obtenir des revendications sociales». Une précision parfaitement en phase avec le 2e communiqué de la majorité gouvernementale qualifiant «l'expression des revendications sociales demeure somme toute légitime». Un principe martelé depuis par le président du CNDH, Driss El Yazami, mardi sur Al Aoula et jeudi par le ministre des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Cette modération de la part de Zefzafi serait-elle la conséquence de l'intervention d'une tierce partie ? La section régionale du CNDH a offert sa médiation entre les meneurs de la «Mobilisation» et l'Etat. Hirak demonstration gathering in Al Hoceima's Mohammed VI square ahead of march through the city. pic.twitter.com/0bE3LBuvIP — Samia Errazzouki (@S_Errazzouki) 18 mai 2017