Près de 52 ans après l'enlèvement à Paris de Mehdi Ben Barka, leader socialiste de l'UNFP, la Commission française du secret de la défense nationale vient juste de donner son accord concernant la déclassification de 89 documents «majeurs» dans la plus longue instruction ouverte devant la justice française. La Commission du secret de la défense nationale (CSDN) a donné son accord relatif à la déclassification de 89 documents «majeurs» dans l'affaire Mehdi Ben Barka. Elle avait été saisie en avril 2017 par Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. Selon nos confrères du Desk, la requête en déclassification date du 27 mars 2017 et émane de Cyril Paquaux, vice-président chargé de l'instruction au tribunal de grande instance de Paris. Elle a été formulée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte «contre X pour homicide volontaire et complicité d'homicide volontaire dont la victime est Mehdi Ben Barka». Ce feu vert a été confirmé le 5 mai dernier par la publication de l'avis favorable dans le Journal officiel, poursuit le Desk, qui cite le Service public de la diffusion du droit. «Un pas déterminant dans la recherche sur la vérité de la disparition de Mehdi Ben Barka» signé par le président sortant François Hollande, commente la même source. Les documents en question sont tirés des archives du ministère français de la Défense, détaille le texte de l'arrêté de la décision. Il s'agit notamment de lettres, de correspondances internes, de fiches, de synthèses et de procès-verbaux du SDECE, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage. Soit, en d'autres termes, les services de renseignements extérieurs français. Une sorte d'agence d'intelligence créée en 1945, baptisée Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) en 1982. Maurice Buttin souhaite patienter encore quelques jours «Pour l'instant, on n'en est qu'à l'annonce. Je ne connais pas encore le contenu des documents déclassifiés par la Commission. Pour ça, il faudra attendre une quinzaine de jours», fait savoir Maurice Buttin, l'avocat de la famille Ben Barka et auteur de «Hassan II, de Gaulle, Ben Barka, ce que je sais d'eux» (éditions Karthala, 2010). «Le ministre de la Justice doit lui aussi donner son feu vert avant que nous puissions prendre connaissance du dossier d'ici les jours, voire les semaines à venir. Bien sûr qu'il y a aura de nouveaux rebondissements.» Ce nouveau rebondissement intervient alors que des poursuites judiciaires ont été entreprises en France en janvier dernier par Miloud Tounzi, qui serait un ancien agent des services marocains et l'un des personnages clé de la disparition de Mehdi Ben Barka, rapporte France TV Info. Maurice Buttin, l'avant-dernier juge d'instruction en charge du dossier Patrick Ramaël ainsi que des journalistes avaient également été visés par ces poursuites. Le leader de l'Union nationale des forces populaires (UNFP) et principal opposant socialiste au roi Hassan II avait été kidnappé à Paris le 29 octobre 1965. Il s'agit de l'une des plus mystérieuses affaires et des plus longues instructions portées devant la justice française. Jusqu'à aujourd'hui, le corps de Mehdi Ben Barka n'a jamais été retrouvé.