L'affaire Mehdi Ben Barka refait surface. Le juge en charge de ce dossier, Patrick Ramaël, a perquisitionné à deux reprises, le 29 juillet et le 3 août derniers, le siège de la Direction générale des services extérieurs (DGSE). Le magistrat qui est reparti avec une bonne vingtaine de dossiers, chercherait à connaître ce que les services secrets français savent de l'enlèvement de Mehdi Ben Barka. Est-ce le début d'une nouvelle lueur d'espoir pour la famille de Ben Barka ? En effet, depuis l'entrée en vigueur des dispositions de la loi du 29 juillet 2009 relatives à la protection « secret de la défense nationale», le siège de la DGSE est devenu un lieu classé secret-défense. Et pourtant, il a été perquisitionné récemment. Accompagné du président de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), Patrick Ramaël s'est rendu dans les services secrets français, selon des sources proches de cette affaire citées par de nombreux médias. Il souhaitait mettre la main sur de nombreux documents, des archives datant de l'époque du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), devenu plus tard DGSE, mais n'en a eu que vingt trois, a précisé le Nouvel Observateur. Dans la «trouvaille» de Patrick Ramaël, il y aurait des documents sur l'ancien roi Hassan II et sur le général Mohamed Oufkir (condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en 1967 lors d'un premier procès). Il y en aurait également sur Mehdi Ben Barka, sur le général Hosni Benslimane et Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l'enlèvement ainsi que sur des correspondants du SDECE et de truands français soupçonnés d'être impliqués dans le rapt. Le même juge avait émis en 2007, 4 mandats d'arrêts contre Hosni Benslimane, Miloud Tounsi et deux autres Marocains. Ces mandats ont été diffusés par Interpol en octobre 2009, avant d'être bloqués par la justice française. Les dossiers saisis ont été placés sous scellés par le président de la CCSDN. L'instance doit donner son avis d'ici la fin de la semaine sur la déclassification ou non des dossiers saisis. Toutefois, la décision finale d'enlever ou pas le caractère secret de ces documents gouvernementaux appartient au ministre français de la Défense, Hervé Morin. Selon l'hebdomadaire Le Point, la quasi-totalité des avis de la CCSDN ont été suivis. Qu'en sera-t-il pour l'affaire Ben Barka, dont la famille a plusieurs fois dénoncé une absence de volonté de la part de la France et du Maroc, de faire éclater la vérité ? Depuis son enlèvement le 29 octobre 1965 à Paris, devant la brasserie Lipp, le sort de Mehdi Ben Barka demeure toujours inconnu. Les huit instructions successives n'ont pas permis de faire avancer l'affaire.