Alors que des organisations marocaines commémorent le 100e anniversaire de la Déclaration Balfour, le Hamas a décidé de réviser sa charte. L'organisation islamiste reconnaît indirectement l'Etat d'Israël et rompt le cordon ombilical avec les Frères musulmans, que l'administration Trump s'apprête à classer parmi les organisations terroristes. Sous l'impulsion de l'émirat du Qatar, le Hamas a révisé sa charte fondatrice. Lors d'une conférence de presse hier à Doha, l'organisation islamiste a annoncé l'acceptation de la partition de la Palestine décrétée en 1947 et l'établissement d'un Etat dans les frontières qui existaient avant la Guerre des Six jours, du 5 au 11 juin 1967, avec Al Qods comme capitale. Deux amendements qui traduisent une reconnaissance indirecte de l'Etat d'Israël. Le Hamas a également opéré une distinction, dans son conflit avec Tel-Aviv, entre juifs et sionistes. Ces révisions seront suivies, de toute évidence, de réunions entre les cadres du Hamas et des représentants israéliens. Les frères de Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du mouvement islamiste, marchent ainsi sur les traces de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui avait entrepris la même démarche en avril 1996, soit trois années après la signature des accords d'Oslo à la Maison blanche. A la différence près que les camarades de Yasser Arafat avaient été plus directs dans leur reconnaissance d'Israël et leur volonté de se conformer aux réalités sur le terrain. Au Maroc, le camp anti-normalisation privé d'un allié de taille Pour l'instant, l'heure est au silence au Maroc. Les milieux anti-normalisation avec Israël ne se bousculent pas pour commenter les amendements apportés aux textes fondateurs du Hamas. Ainsi, sur sa page Facebook, le Groupement de l'action nationale pour la Palestine s'est contenté de diffuser la conférence de presse de Khalid Mechaal sans plus de détail. En revanche, le site d'actualité d'Al Adl Wal Ihsane a totalement boudé sa déclaration. Ce silence n'est pas sans rappeler la réaction de ces mêmes organisations marocaines lors de la normalisation des relations diplomatiques et militaires entre Ankara et Tel-Aviv en 2016. Aucune des enseignes panarabistes et islamistes du royaume n'avait jugé bon de dénoncer les retrouvailles turco-israéliennes, scellées suite au versement par Israël de 20 millions de dollars d'indemnités aux 10 victimes turques de la flottille de la Paix en direction de Gaza en juin 2010, en échange de l'abandon des poursuites judiciaires contre les anciens chefs de l'armée israélienne. Un autre élément pourrait expliquer le silence de l'ensemble du clan anti-normalisation avec Israël : la main du Qatar dans les révisions du Hamas. Article modifié le 02/05/2017 à 13h46