Le président Mahmoud Abbas a plaidé mercredi devant son parti réuni en congrès pour le "dialogue" avec les Israéliens, alors que les partisans de la colonisation augmentent la pression en Israël et que la contestation monte chez les Palestiniens. Abbas, 81 ans, a été réélu d'emblée à la présidence du Fatah dès l'ouverture du congrès du plus important parti palestinien mardi. Mercredi, il a proposé dans un discours fleuve les grandes lignes de l'action future du Fatah, principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue internationalement comme représentant l'ensemble des Palestiniens. Sans surprise, celui qui a rappelé "dialoguer avec les Israéliens depuis les années 1970", à l'époque une position à contre-courant dans son parti, a redit que la main des Palestiniens "restera tendue pour la paix". "Nous disons au peuple israélien que nous voulons la paix conformément aux résolutions internationales, mais c'est votre gouvernement qui ne veut pas", a-t-il lancé. Israël, a-t-il dit, doit "reconnaître que la colonisation est illégale". Pour les Palestiniens, comme pour la communauté internationale, ce sont les 600.000 colons israéliens installés dans les Territoires occupés qui sont le principal obstacle à la paix et à la création d'un Etat de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale. Mais la frange la plus à droite de la coalition au pouvoir en Israël pousse pour aller plus loin sur le dossier de la colonisation --la construction par Israël d'implantations civiles sur les territoires qu'il occupe comme la Cisjordanie et Al Qods (Jérusalem-Est). Lundi, le Parlement israélien devra examiner un texte qui légaliserait au regard de la loi israélienne environ 4.000 logements israéliens en Cisjordanie, selon l'organisation israélienne anti-colonisation la Paix maintenant. Ces 4.000 unités sont illégales non seulement aux yeux de la communauté internationale, mais au regard de la loi israélienne. Face au processus de paix au point mort depuis des années, M. Abbas a de longue date fait le choix de l'internationalisation de la cause palestinienne et de la stratégie des petits pas diplomatiques, une approche décriée par la rue palestinienne, engluée dans le marasme économique et lassée d'attendre un autre quotidien. Abou Mazen a défendu son bilan depuis qu'il a pris la tête du Fatah, de l'OLP et de l'Autorité palestinienne à la mort du leader historique Yasser Arafat. Les Accords d'Oslo qu'il a signé en 1993 avec Israël, le statut d'Etat observateur obtenu en 2012 à l'ONU, le lever du drapeau au siège des Nations Unies en 2015 sont autant de "pas en avant", a-t-il plaidé. Avant de promettre de continuer à réclamer le statut d'Etat à part entière à l'ONU, devant les quelque 1.400 membres du congrès du Fatah réunis pour cinq jours au moins au siège de la présidence à Ramallah. La communauté internationale, frustrée par l'absence de solution à l'un des plus vieux conflits de la planète, s'alarme qu'il faille bientôt renoncer à l'idée d'un Etat palestinien. Rapprochement avec le Hamas Mardi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé Israéliens et Palestiniens à reprendre langue faute de quoi "la perspective de voir se réaliser la solution des deux États menace de disparaître complètement". La "campagne d'expansion des colonies israéliennes illégales risque de saper les valeurs démocratiques d'Israël et la nature de sa société", a-t-il ajouté. M. Abbas, dont l'Autorité palestinienne est l'unique interlocutrice de la communauté internationale qui refuse d'interagir avec le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza mais classé parmi les "organisations terroristes", a également évoqué la situation politique interne. Depuis la guerre fratricide entre Fatah et Hamas en 2007, la division entre Cisjordanie et Gaza empêche la tenue de toute élection conjointe. Mardi, la lecture devant les congressistes du Fatah d'une lettre du chef du Hamas en exil Khaled Mechaal avait été pour certains le signe d'un réchauffement avec M. Abbas. MM. Abbas et Mechaal se sont récemment rencontrés au Qatar, pour la première fois depuis deux ans. Mercredi soir, M. Abbas a affirmé qu'il n'y avait "pas d'autre voie que la réconciliation" et affirmé vouloir parvenir à une "solution politique" avec le Hamas, alors que les membres du Congrès accusaient à grand bruit le mouvement islamiste d'avoir mené "un coup d'Etat" à Gaza en 2007.