Le drame israélo-arabe date de plus d'un siècle. La première « Alyah » (émigration des juifs en Palestine) a débuté en 1880. Le premier Congrès sioniste a été organisé à Bâle en 1897 par Théodore Herzl, théoricien du sionisme politique qui, face à la montée de l'antisémitisme en Europe, prône la nécessité de créer un foyer pour tous les juifs de la diaspora. La Déclaration de Balfour (ministre britannique des Affaires Etrangères) en 1917 entrouvre la possibilité de créer un foyer juif en Palestine. Devant l'accroissement de l'émigration juive en Palestine, la résistance arabe se manifeste dès 1920 par des émeutes, et en 1936 par une grève générale. Saisie de la question, l'ONU adopte en 1947 le plan de partage de la Palestine en deux Etats, l'un juif et l'autre arabe. Ce plan de partage ne sera jamais appliqué. Le 14 mai 1948 est proclamée unilatéralement jour de l'indépendance d'Israël. Cette date commémore également ce que les palestiniens appellent la « Naqba » ou désastre. C'est en effet à partir de cette date et par quatre vagues successives que 800 000 palestiniens ont pris le chemin de l'exil, chassés par les Israéliens. C'est à partir de cette date que commence le drame du peuple palestinien, marqué par des souffrances incommensurables. Parqués dans des camps de réfugiés en Jordanie, dans la bande de Gaza, au Liban et en Syrie, les Palestiniens ne survivent que grâce à l'aide internationale instaurée par l'ONU en 1948 dans cadre de l'UNRWA. Le lendemain de la déclaration d'indépendance d'Israël, la première guerre israélo-arabe est déclenchée et ne prendra fin qu'en 1949. La résistance palestinienne s'accentue avec la création en 1959 du Fatah par Yasser Arafat, suivie de la naissance de l'OLP en 1964. Devant l'impossibilité de trouver une solution diplomatique au conflit israélo-arabe, une nouvelle guerre éclate en 1967 (guerre des six jours), à l'issue de laquelle Israël s'agrandit territorialement. En 1973, l'Egypte et la Syrie brisent le mythe de l'invincibilité de l'Etat hébreu grâce à la guerre du Kippour d'Octobre 1973. En 1978, sont signés les Accords de Camps David qui établissent la paix entre Egypte et Israël. En 1982, Israël envahit le sud du Liban et parraine les massacres de Sabra et Chatila perpétrés par les milices chrétiennes libanaises. La situation explosive de la région entraîne la première « Intifada » qui est une révolte populaire où prend part la population civile (y compris femmes et enfants). Une lueur d'espoir est née avec les Accords d'Oslo en 1983 qui permirent la naissance de l'Autorité palestinienne. Cet espoir s'est éteint avec l'assassinat en 1995 de Yitzhak Rabin par un Israélien extrémiste. Une seconde Intifada a éclaté en 2000. Devant le peu de progrès réalisés, les élections législatives de 2006 ont donné la victoire au Hamas (parti plus radical que le Fatah) qui s'est emparé de la bande de Gaza en 2007, après son évacuation par les troupes israéliennes. Il s'en est suivi une réduction de l'aide financière des Etats-Unis et de l'Union européenne ainsi que le blocus de Gaza par Israël. La Conférence d'Annapolis tenue le 27 novembre 2007 entre Ehud Olmest et Mohamed Abbas n'a pas donné de résultats tangibles. Les années 2008 et 2009 ont été marquées par trois offensives militaires israéliennes contre Gaza, dont la dernière a causé 1 330 morts palestiniens. Le 31 mars 2009 Netanyahu accède aux fonctions de Premier ministre pour la seconde fois dans le cadre d'un gouvernement ancré très à droite dans lequel figurent les nationalistes et un parti ultra-orthodoxe. En 2010 la flottille internationale en faveur de Gaza a été attaquée par les israéliens dans les eaux internationales, causant neuf morts dont des Turcs. Cette dernière année a été marquée par la reprise de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En 2011, la Palestine a été admise à l'Unesco et en 2012 à l'ONU en tant qu'Etat non-membre observateur. La riposte israélienne à cette adhésion a été le blocage des fonds palestiniens prélevés par l'Etat d'Israël et la recrudescence de la colonisation en Cisjordanie et à Gaza. Suite aux élections législatives israéliennes en Juin 2013, Netanyahu est reconduit dans les fonctions de Premier ministre, et a confirmé la poursuite de sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Gaza. L'analyse de cette situation dramatique du peuple palestinien appelle une première considération qui est celle d'une profonde injustice. Certes, les juifs ont subi la désastreuse et criminelle « Shoah » perpétrée par le régime allemand nazi. Certes, comme l'a souligné Théodore Hertz, il y a eu une montée de l'antisémitisme en Europe. Mais les Arabes n'ont aucune responsabilité dans ces crimes et cette situation. La terre de Palestine n'était pas inhabitée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les Accords de Sykes-Picot de 1916 ont dévolu la responsabilité de cette région à la France et la Grande Bretagne, qui avaient le devoir de la protéger contre toute invasion étrangère. La seconde considération est que les Arabes n'ont jamais accepté le fait accompli, et ont résisté par tous les moyens : guerres, mouvements de résistance, révoltes populaires. Ils n'ont pas pu obtenir la victoire, car Israël a une supériorité militaire et a toujours été supporté par l'Occident : Etats-Unis et Europe. Il appartient à la communauté internationale, et particulièrement l'Occident qui a une grande responsabilité dans son déclenchement et sa persistance, de contribuer activement à réparer cette grande injustice en prenant des sanctions contre l'Etat hébreu. Les Etats-Unis s'étant quasiment alignés sur Israël, il est nécessaire que l'Europe et les Brics se mobilisent davantage pour contribuer à régler le conflit israélo-palestinien. Les israéliens doivent arrêter immédiatement toute nouvelle colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, car cette politique rendra impossible la solution des deux Etats. Les israéliens doivent comprendre qu'ils n'auront la paix que s'ils trouvent des solutions avec les pays Arabes voisins. Israël a déjà signé la paix avec l'Egypte et la Jordanie, il reste à l'accomplir avec le Liban, la Syrie, et la Palestine. Avec le Liban et la Syrie, Israël doit restituer les fermes de Chabâ et le plateau du Golan. Avec la Palestine, la seule solution est l'existence de deux Etats vivant côte à côte. Israël doit négocier sérieusement avec les palestiniens les points suivants : l'instauration de l'Etat palestinien dans des frontières viables, le problème des réfugiés, le statut de Jérusalem et le sort des colonies israéliennes installées en Cisjordanie. Il est temps de trouver une solution à ce problème centenaire afin que cette région puisse vivre enfin dans la paix, la prospérité et la quiétude. - L'IMRI depuis sa création a placé le conflit israélo-palestinien au cœur de ses préoccupations. A chaque événement concernant la question palestinienne, il a rédigé une chronique qu'il a diffusée à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc. Son objectif est de contribuer modestement à la résolution de ce douloureux drame politique et humain. Le présent document reprend chronologiquement les chroniques rédigées de 2005 à 2013.◆