L'expulsion et la maltraitance des réfugiés syriens entre le Maroc et l'Algérie se poursuit. Mardi soir à Figuig, un autre groupe de réfugiés est venu rejoindre les quarantaines de Syriens arrivés 24 heures auparavant. Encerclés par les autorités, ces dernières auraient même tenté de repousser ces demandeurs d'asile vers le voisin de l'Est à en croire l'activiste Hassan Ammari. Détails. Les difficultés des réfugiés syriens au Maghreb reprennent. Les autorités algériennes ont de nouveau expulsé cette semaine deux groupes de réfugiés syriens vers le territoire marocain. A en croire nos confrères de Libération, ce sont près de 40 personnes dont des femmes et des enfants qui ont été refoulées par les autorités d'Alger vers Figuig, sans eau ni nourriture. Une information confirmée ce mercredi par l'activiste et représentant local de l'ONG internationale Alarm Phone. Hassan Ammari précise à Yabiladi qu'il s'agit d'un premier groupe de réfugiés syriens de 40 personnes dont 16 enfants, deux femmes enceintes et deux personnes dans un état de santé détérioré. «Le groupe a pu traverser la frontière maroco-algérienne au niveau du côté Ouest de la ville de Figuig. Ils affirment que les autorités algériennes leurs avaient facilité le passage vers le Maroc. Les autorités locales, dont le Wali de la région, se sont rendues sur place.» Malgré cela, la situation humanitaire de ces réfugiés n'a pas empêché les autorités locales de les encercler et les maintenir sur place jusqu'à nouvel ordre, de quoi mobiliser les habitants de Figuig et sa population locale. «Ils (les Syriens, ndlr) sont restés près de 24 heures sans eau ni nourriture ce qui a poussé les ONG locales et la population de Figuig à leur venir en aide. Mais ils étaient encerclés par les forces de l'ordre et des soldats», poursuit notre interlocuteur. Hassan Ammari déplore «une situation dramatique» pour ces Syriens, évoquant la présence de personnes fragilisées par le voyage et la malnutrition. «On parle d'enfants, de personnes âgées et de femmes enceintes. Les autorités attendaient les ordres pour intervenir mais les réfugiés sont restés sous un soleil de plomb, sans abri avec une température avoisinant les 36°C», nous déclare-t-il. Des réfugiés syriens à Figuig. / Ph. Facebook Hassan Ammari Les autorités marocaines auraient elles-aussi tenté d'expulser ces réfugiés Mais alors que la chargée des relations extérieures au HCR Maroc, Malgorzata Bratkrajc déclarait à Libération que le HCR est «en contact avec les autorités marocaines pour que ces personnes puissent demander asile au Royaume selon la Convention de Genève et également selon la stratégie nationale de l'immigration et de l'asile», l'activiste rapporte une toute autre version. «On a averti le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), l'Organisation internationale pour les migrants (OIM) et le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) ainsi que les ONG mais malheureusement, même si le droit international dit qu'ils peuvent bénéficier du droit à l'asile, aucune de ces organisations n'a réagi pour l'instant», commente-t-il avant d'évoquer la situation actuelle des Syriens à Figuig. «Ce matin, les autorités marocaines ont elles aussi tenté d'expulser les réfugiés vers le territoire algérien. Ils sont actuellement à quelques mètres seulement de la frontière. Et parallèlement, au niveau de la zone Est de Figuig, un autre groupe de Syriens, d'une cinquantaine de personnes a réussi à traverser vers le Maroc, 24 heures après l'arrivée du premier.» Les Syriens du deuxième groupe seraient «dans la même situation et les autorités tentent de les repousser vers l'Algérie», poursuit l'activiste. Hassan Ammari évoque aussi le renforcement par l'Algérie de ses frontières terrestres à proximité avec Figuig. «Un hélicoptère sillonnait les frontières mais on ne sait pas s'il s'agit d'un appareil marocain ou algérien mais il est probable qu'il soit algérien», enchaîne-t-il. «Les associations et la population locale ont fait le nécessaire mais les autorités les encerclent toujours. Ils n'ont ni tentes ni abris pour se protéger contre le soleil brûlant, les serpents et les scorpions très présents dans les environs de Figuig», déclare-t-il. Libération rapporte ce jeudi que d'autres Syriens pourraient être refoulés dans les prochains jours, rappelant que le voisin de l'Est avait expulsé, en janvier dernier et à quelques jours d'intervalle, 27 civils syriens dont des femmes et des enfants et 40 autres, dont 8 hommes adultes. Le média rappelle aussi qu'il s'agit d'une violation grave du principe de non refoulement établi par l'article 33 de la Convention de 1951. En effet, l'article précise qu' «aucun des Etats contractants n'expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières d'un territoire où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques». Une convention relative au statut de réfugiés que ne semble inquiéter ni l'Algérie ni même le Maroc…