La légation américaine à Tanger vaut le détour. C'est une page importante de l'histoire d'amitié entre les Etats-Unis et le Maroc. Immersion dans la plus vieille bâtisse américaine au royaume. La légation américaine à Tanger est la première propriété des Etats-Unis à l'étranger et est un symbole fort de l'amitié qui relie les deux pays depuis des décennies. A présent, le bâtiment est plus connu sous le nom de l'Institut de la légion américaine de Tanger pour les études marocaines (TALIM). Il dispose d'un centre culturel, d'un musée et d'une bibliothèque de recherche (concentrée sur les études de langue arabe). Une ambiance atypique berce les lieux, puisqu'un mélange d'oriental et d'occidental imprègne les murs. Entre le patio mauresque, le moucharabieh, les grandes pièces à larges ouvertures et le mobilier européen, vous serez emportés par la magie des lieux. Une collection de tableaux orientalistes, de tapis et de meubles de l'époque enrichissent la visite. Plusieurs décennies auparavant, le sultan Moulay Souleiman présentait en 1821 l'édifice tangérois aux Etats-Unis. Le gouvernement américain acquiert le bâtiment en pierre qui comptait à ce moment-là deux étages. Ils y installent leur légation et leur consulat dans la ville du détroit. Pendant 140 ans, la diplomatie américaine imprègne les lieux et continue d'opérer dans le bâtiment. Cela représente la plus longue période pour laquelle un lieu sert à la diplomatie du pays de l'Oncle Sam. D'autant plus que la légation américaine est un symbole du traité d'amitié maroco-américain datant du 18 juillet 1787. La vue du jardin de la légation américaine, datant des années 70. / Ph. Talim Un lieu ayant survecu aux aléas du temps Tanger bombardée en 1844, le bâtiment de la légation s'en trouve endommagé. Quatre ans plus tard, il est reconstruit «mais avec peu de matériel original qui existait». Cela n'empêche que le gouvernement américain agrandit les lieux en achetant des maisons environnantes. Lors de la période de la seconde guerre mondiale, l'édifice devient le quartier général des services de renseignements américains. Après les protectorats français et espagnol, le Maroc décroche son indépendance en 1956, et commence à développer sa diplomatie. Tanger n'étant plus une ville internationale, le bâtiment n'est plus un lieu diplomatique et devient un ensemble de bureaux consulaires. La légation américaine continue d'opérer ses changements, puisqu'elle devient en 1961 un centre de langues du département d'Etat des Etats-Unis, puis un centre d'entrainement des Peace Corps (agence américaine dont le but est de favoriser la paix et l'amitié du monde). En 1975, le gouvernement américain décide de vendre l'endroit. Harland Eastman, consul américain de l'époque, se désole de l'état de délabrement de l'endroit. «Les murs s'effondrent, les toits fuient, les fenêtres sont cassées (…) pour résumer c'est un gâchis», écrit-il. «De plus, il n y a pas de budget pour le travail». Mais il ne baisse pas les bras et décide «de s'embarquer dans une restauration faite par soi-même» avec les matériaux et main d'œuvre à sa disposition. Une solidarité sans précédent s'organise autour du projet de réhabilitation de l'endroit. Beaucoup de personnes du consulat se sont dévouées et des volontaires commencèrent à affluer de l'ambassade américaine à Rabat et des bases militaires de la région. Plusieurs dons privés parvinrent à la légation et le collectionneur Donald Angus avait fourni la plupart des meubles et œuvres d'art. Une des pièces du musée de la légation américaine à Tanger. / Ph. Wikicommom Ce n'est qu'au 200ème anniversaire de l'indépendance américaine que la légation est transformée en musée et centre culturel. En 1981, il est inscrit au registre national des lieux historiques des Etats-Unis. L'année d'après, James Watt, secrétaire américain de l'Intérieur proclame en décembre l'édifice comme lieu historique national. La légation américaine devient peu après un des biens figurant dans le registre des biens culturels américains (propriétés du département d'Etat américain dans le monde qui ont une importance culturelle et une histoire particulière). Paul Bowles, célèbre écrivain américain y a même séjourné les dernières années de sa vie ; une aile en son hommage lui est réservée dans le musée. L'Institut de la légion américaine de Tanger a subi de multiples rénovations et restaurations dans les années 90 sous la direction de Thor Kuniholm, ancien directeur de l'Institut et de son successeur Gerald Loftus. Fiche pratique Vous pouvez visiter le TALIM au 8 zankat america à Tanger, du lundi au vendredi, de 10h à 13h et de 15h à 17h. L'entrée est gratuite.