Le Québec a décidé de revoir à la baisse le nombre d'immigrants marocains et algériens. Bien que le gouvernement insiste sur la non prise en compte des facteurs religieux et du contexte sociopolitique du Maghreb, l'Association marocaine musulmane du Canada perçoit l'annonce comme une forme discrimination. Le gouvernement québécois a décidé de revoir à la baisse le nombre d'immigrants maghrébins. Une décision survenue suite à la publication des dernières statistiques de l'immigration dans cette province canadienne. Les Marocains arrivent en tête avec 5 654, suivis des Algériens avec 4 442, sur les 53 985 entrées d'immigrants enregistrées en 2010, rapporte le site d'information francophone canadien Cyberpresse. Le gouvernement québécois recherche, au contraire, une plus grande «diversité» dans la provenance des immigrants. La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil a toutefois précisé que la confession religieuse ainsi que la révolte récente dans les pays arabes ne sont pas des facteurs pris en compte par le gouvernement. Selon Mme Weil, l'intégration des Maghrébins au marché du travail comporte un certain enjeu auquel il faut «trouver des solutions». En 2010, le Vérificateur général reprochait au gouvernement d'augmenter année après année le nombre d'immigrants admis sans savoir si le Québec était capable de les accueillir et de les intégrer en termes emploi. Il dénonçait les lacunes du processus de sélection du ministère de l'immigration dont, notamment, l'absence d'indicateurs socioéconomiques pour cerner la capacité du gouvernement à intégrer les immigrants. Plus d'exigences pour un système lacunaire Les immigrants issus des pays maghrébins ont du mal à s'insérer dans sur le marché du travail, pourtant le Québec est à la recherche de compétences. «Le monde est en changement et les sociétés modernes sont en concurrence pour attirer les meilleurs talents. Au Québec, nous devons nous donner les moyens de soutenir notre croissance économique», a déclaré Mme Weil dans un communiqué de presse, jeudi 14 avril. Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement a élaboré quelques orientations. Dorénavant, pour mettre plus de chances de leur côté, les immigrants devraient avoir compétences et expériences dans des domaines spécialisés correspondant aux besoins exprimés sur le marché du travail. Le Québec privilégiera cette catégorie en lui accordant progressivement une proportion de 50% des principaux requérants. Par ailleurs, un accent particulier sera mis sur la maitrise du français. Les associations prennent les choses en main Selon le président de l'Association Marocaine Musulmane du Canada (AMMC), le Marocain Karim Lalsari, la langue française n'est pas toujours maitrisée par les Maghrébins. La poser comme conditions d'accès, en soit, ferme déjà les portes du Québec à beaucoup de personnes issues de cette région du monde. M. Lalsari perçoit cette décision comme une forme de discrimination. Il dénonce aussi le racisme des médias québécois, qui, selon lui, transmettraient des idées erronées concernant les personnes d'origine maghrébines. Le président de l'AMMC met, tout de même, le doigt sur l'inflexibilité de certains Maghrébins. «Quand ils arrivent, certains ne veulent pas se réorienter. Ils s'entêtent à poursuivre dans leur formation ou leur expérience initiale et ne trouvent pas de travail. Pourtant j'ai vu des gens arriver à Montréal qui se sont réorientés et sont aujourd'hui très bien intégrés socialement», explique-t-il.