La principale bravade que rencontrent tous les migrants en terre d'accueil est le premier emploi qui, non seulement permet de gagner sa vie, mais de s'intégrer dans son nouvel environnement. On s'entend sur la nature de l'emploi: stable et reconnaissant les qualifications du postulant. Sauf que cela ne se passe pas ainsi pour tous les nouveaux arrivants, pour ne pas dire rarement à l'arrivée dans le pays hôte.Les statistiques d'Immigration Québec avancent que le Québec est la province qui compte le plus grand taux de chômage parmi les migrants. Le taux d'emploi des immigrés du Québec, qui s'élevait à 70,3 % en 2011, était plus faible que celui de ceux des autres provinces. Les Maghrébins n'ont pas du de chance que les autres immigrants et le chaos politique et religieux dans les pays arabes a ajouté son grain de sel à l'infortune professionnelle des immigrants issus des pays en question. Le chômage sévit donc parmi de nombreux Arabes, notamment les Maghrébins. D'ailleurs, le quotidien canadien The Gazette rapporte que le nombre de chômeurs est quatre fois plus élevé chez les Maghrébins que chez les Québécois de souche. Devant cette situation qui freine l'élan professionnel ou empêche carrément de nombreux immigrants de s'intégrer dans le marché du travail au Canada, et plus particulièrement dans la province du Québec, un réseau rassemblant les professionnels maghrébin de tous bords (Informaticiens, Architectes, Professeurs, Étudiants, entre autres) vient de voir le jour au Québec. Le but d'une telle initiative est de créer une association professionnelle comportant le volet Formation, Recherche d'Emploi et Réseautage. Un site a été ainsi créé et invite toute la communauté maghrébine à y adhérer. Non seulement un tel réseau aidera les immigrants seuls à briser la solitude et l'isolement mais elle pourra les aider à lier des amitiés et surtout à constituer une banque d'offres d'emploi et un réseau de contacts susceptibles de les aider dans leur recherche d'emploi. Les diplômes : en perte d'identité Munis pour la plupart de diplômes solides et de nombreuses années d'expérience professionnelle acquises dans le pays d'origine, les immigrants nouvellement arrivés au Canada se heurtent en premier lieu à la non-reconnaissance de leurs qualifications. Ils se retournent alors vers leurs réseaux de contacts et l'aide organisée à travers les centres locaux d'emploi et les organismes communautaires en établissement et en employabilité. Ils participent alors à divers programmes en employabilité offerts par le gouvernement, notamment celui d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi, etc. En cas d'insuccès de ce programme certains postulants choisissent d'effectuer un retour aux études pour faire reconnaitre leurs diplômes ou se résignent à une « déqualification ». Ils exercent des métiers en dessous de leurs qualifications, se contentent de postes subalternes ou exercent un boulot qui ne répond pas du out à leur formation, poussés en cela par leurs responsabilités familiales. Il est normal qu'un nouvel arrivant se tourne vers sa communauté́ présente dans le pays d'accueil. La langue aidant, la culture et les valeurs poussent plusieurs à chercher de l'assistance auprès du réseau d'immigrants plutôt que de chercher de l'aide organisée pour obtenir un premier emploi. Comme le bouche à oreille est un procédé porteur au Canada, les nouveaux arrivants s'en servent pour renforcer leurs recherches d'emploi. Sauf qu'un cloisonnement des immigrants auprès de leurs communautés culturelles ou de la communauté́ immigrante peut ralentir leur accès à l'emploi, tandis qu'un réseau de contacts québécois pourrait se révéler plus utile en raison de la part importante du marché caché de l'emploi au Québec du moment que la plupart des offres d'emplois ne sont pas affichées. Un tel réseau ne peut se constituer par le nouvel arrivant que par sa participation à des activités sociales et sportives afin de s'intégrer dans la société d'accueil et de se créer des liens amicaux et de stimuler des échanges culturels et professionnels. C'est connu, les échanges interculturels contribuent à une meilleure intégration socioprofessionnelle... Le manque d'expérience canadienne est un autre obstacle rencontré pour obtenir un emploi. Il suffit pourtant d'avoir une première chance d'être introduit dans le circuit professionnel pour prétendre plus facilement à un second emploi. Mais c'est cette première chance qui tarde à venir dans plusieurs cas. La discrimination : en forte ascension ? La classe émigrante n'a pas autant la côte que les Québécois de souche, c'est connu. On se souvient encore du cas de l'ingénieur agronome marocain qui a créé un précédent, en 2003, en empruntant l'un des noms québécois les plus répandus « Tremblay ». Fatigué d'essuyer des fins de non-recevoir de la part des employeurs québécois malgré un CV irréprochable et brillant, il tente alors une autre approche inattendue en envoyant simultanément deux CV à une puissante coopérative dans le milieu agricole. L'un portait son vrai nom et l'autre celui de Marc Tremblay. Quelques jours plus tard, «M. Tremblay» reçoit une réponse indiquant que son profil « cadrait parfaitement avec les objectifs de l'institution ». Quant au CV marocain, il attendait son traitement comme le lui avait affirmé la standardiste de l'institution. Par ailleurs, si vous posez la question aux immigrants du Québec, nombreux vous confirmeront cette hypothèse: beaucoup de leurs CV restent lettre morte et ils imputent cet état des choses à leur origine reconnaissable à leurs noms, leurs photos sur le CV. La non-reconnaissance de l'expérience et des diplômes acquis à l'étranger peut constituer une forme de discrimination aux yeux des personnes immigrantes. D'autres facteurs latents s'ajoutent aux autres pour faire de l'insertion professionnelle un véritable défi et une épreuve handicapante pour les postulants musulmans, par exemple, tels que les signes religieux comme le port de la barbe, le voile pour les femmes, ou encore le facteur de la langue française mais aussi la langue anglaise, surtout dans les régions parfaitement bilingues du Québec et où l'Anglais est exigé dans presque toutes les institutions canadiennes. Du fait du vieillissement de sa population, le Québec essaie de faire face à la diminution de son nombre de travailleurs disponibles sur le marché de l'emploi. Une meilleure intégration des immigrants au marché de l'emploi aiderait pleinement à rafraichir le secteur de l'emploi et le pourvoir en travailleurs qualifiés.