Janine Hennis, députée du VVD, le parti au pouvoir aux Pays-Bas, a appelé, mardi 15 mars, à une réflexion sur l'interdiction des symboles religieux dans les lieux publics, dans le cadre d'une interview accordée au quotidien néerlandais De Pers. Elle a également abordé la question de la séparation entre la religion et l'Etat. Pour la députée libérale de 37 ans, Janine Hennis, le voile intégral devrait être interdit dans les universités et les administrations publiques aux Pays Bas, rapporte le site Onislam.net. Elle aurait pris en exemple les cas de la Turquie et de la France, où le port du hijab est interdit dans les lieux publics. Hennis aurait également précisé, lors de son interview, qu'à ses yeux, toutes les religions étaient égales. Ainsi, s'il fallait proscrire le port de symboles religieux en public la décision devrait s'appliquer à toutes les confessions, rapporte le site de Radio Netherlands Worldwide (RNW). L'empreinte de Wilders? La position de la députée libérale n'est sans doute pas innocente, quand on sait que, pour s'assurer la majorité des sièges au parlement, son parti, le VVD, a signé une alliance avec le PVV, parti d'extrême droite de Geert Wilders. Taxé d'islamophobe, récemment poursuivi pour des propos litigieux, il avait obtenu d'excellents résultats aux législatives néerlandaises de juin 2010. Il avait axé sa campagne sur des thèmes anti-islam et anti-immigration. Geert Wilders avait ensuite habilement négocié son soutien au gouvernement de coalition conduit par le parti libéral. Il avait ainsi renoncé à une place dans le gouvernement, assuré son soutien à la coalition entre les Libéraux et le Parti chrétien démocrate (CDA). En échange, Wilders avait obtenu la garantie de voir le gouvernement appliquer certaines de ses idées phares. Cette manœuvre avait fait de M. Wilders l'un des hommes les plus influents du gouvernement alors même qu'il n'y occupait aucun poste. La position de Janine Hennis, proche de celle de M. Wilders, n'a pas tardé à suciter de nombreuses réactions. Mirjam Sterk, députée CDA, l'autre parti de la coalition, a dénoncé une atteinte à la liberté de religion. «Quel problème le VVD entend-t-il résoudre de cette façon ?», s'est interrogée Mme Sterk. André Rouvoet, leader du parti ChristenUnie, a également pris position pour la liberté de religion, décrivant Janine Hennis comme «une autre libérale pour qui la liberté de religion n'est pas une priorité». Plus provocateur, Gerard Schouw, député démocrate du D66, a déclaré que le VVD pourrait fusionner avec le parti de Wilders. Un débat ouvert sur la laïcité Dans son interview, Janine Hennis a également touché du doigt un autre sujet sensible en engageant un débat sur la séparation entre la religion et l'Etat. Elle a constaté qu'aux Pays-Bas la religion était très impliquée dans la vie politique. Hennis a également constaté que le débat sur la laïcité restait limité en raison des pressions exercées par les partis chrétiens. Elle s'est dite prête à tenir un «débat plus réfléchi sur la séparation entre la religion et l'Etat».