Si le tourisme n'a pas apporté le bénéfice attendu après les crises tunisienne et egyptienne, le textile semble plus prometteur. Après une fin d'année 2010 plutôt stable, le secteur du textile marocain fait face à un grand besoin d'ouvriers qualifiés. Il se fait ardemment ressentir depuis la dernière édition du salon de la sous-traitance et du textile où le Maroc a remporté de grands marchés. Aujourd'hui, les professionnels et les organisations du secteur s'attèlent à tout mettre en oeuvre pour tirer profit de cette «aubaine». La 6ème édition de Zoom by Fatex - le salon de la sous-traitance et du textile - s'est tenue à Paris les 8,9 et 10 février derniers. «Maroc Export», centre marocain de promotion des exportations nationales accompagnait vingt-neuf entreprises du secteur à ce salon, selon la MAP. Ces entreprises étaient parmi les premières visées par les donneurs d'ordre. De quoi booster davantage les exportations marocaines en textile et habillement qui s'établissaient en 2010 à plus de 28,5 milliards de dirhams. Pourtant, depuis 2007, la demande avait quelque peu diminué au profit notamment de la Chine. Selon l'Association marocaine des industries de textile et de l'habillement (Amith), cet engouement pour la production marocaine serait dû à la «stratégie axée sur le recentrage sur le marché intérieur» adoptée par le Maroc, rapporte La Vie éco. Cependant la conjoncture régionale actuelle y est également pour beaucoup. «De nombreux donneurs d'ordre ont annulé des commandes passées en Tunisie et en Egypte et veulent les réaliser au Maroc», explique le patron d'une entreprise présente au Fatex. Il précise que des entreprises sont revenues avec des commandes fermes et assez importantes. Certaines même ont dû refuser des commandes en trop. «Le groupe Ratib qui exporte 70% de sa production vers l'Europe et 30% vers les USA a dû faute de capacité, refuser des commandes de plusieurs millions de pièces», affirme Abdelmouna Ratib, patron du groupe éponyme. Cette affluence de la demande étrangère réjouit les industriels nationaux. Mais il faut être sur ses gardes car «ce transfert d'intérêt peut changer à tout moment au gré des évènements dans les diverses régions du monde», souligne un ancien président de l'Amith. Besoin d'une main-d'œuvre qualifiée Quoiqu'il en soit, les industriels comptent tout mettre en œuvre pour pleinement profiter de cette occasion. Cependant, la question de la main-d'œuvre qualifiée reste la principale traitée par les industriels à présent. Selon l'Amith, «le secteur a besoin de 20 000» ouvriers sur le court terme. Il est donc impératif pour le secteur de recruter des profils adéquats «faute de quoi les commandes perdues seront placées ailleurs et un client perdu est difficile à retrouver», explique un industriel. La crise sectorielle européenne en 2009 avait occasionné au Maroc la perte de 10 000 emplois dans le secteur du textile-habillement. Se retrouvant au chômage, plusieurs ouvriers se sont réorientés vers d'autres activités telles que l'agriculture et l'automobile. Solution… la formation accélérée Selon une enquête réalisée par l'Amith, le secteur a un besoin immédiat de 10 000 ouvriers. Dans les villes de Casablanca, Fès et de Tanger, le besoin est le plus prononcé. Pour pallier cet handicap sectoriel, l'Amith - avec l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) – mettra en place sur les trois mois prochains une formation accélérée. Celle-ci portera principalement sur les profils les plus recherchés à savoir : couturière, chefs de chaine, chefs d'ateliers, mais aussi des opérateurs de machine. Par ailleurs, l'OFPPT prévoit une autre formation de 10 000 personnes au cours du deuxième trimestre 2011. Dans ce plan de formation accélérée, les entreprises ne sont pas en reste. Elles développent des centres de formation par apprentissage qui permettent la «formation sur le lieu de travail». Ce plan semble d'appoint, il faudrait juste que les personnes formées en ressortent qualifiées afin de répondre à la demande extérieure. Sinon ce serait une véritable perte pour le pays, connaissant la place qu'occupe l'industrie du textile et de l'habillement dans l'économie du pays.