En l'espace de deux mois et demi, le secteur du textile a recruté 5.500 jeunes, formés par l'Office de formation professionnelle et de promotion du travail (OFPPT). Une réalisation qui s'inscrit dans le cadre d'un accord conclu, en mars dernier, entre l'OFPPT et l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) portant sur la formation de 20.000 jeunes. Objectif : répondre à un besoin de 20.000 postes de travail dans le secteur, dont 10.000 immédiatement, dans cinq régions prioritaires du royaume, à savoir Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger et Fès. L'expression d'un tel besoin signifie-t-elle une reprise du secteur ? Il faut en effet rappeler que le secteur était contraint après la crise de licencier massivement au point de supprimer près de 48.000 postes en 2008. En dépit de la reprise incertaine de l'économie mondiale en 2011, le textile semble renouer avec une croissance régulière, d'autant plus que les récentes enquêtes de Bank Al-Maghrib soulignent un regain de confiance de la part des industriels du secteur, notamment au vu de leurs carnets de commandes et à travers l'expression d'un intérêt manifeste de recruter dans les mois à venir. Mais s'agit-il d'une reprise durable ? Plusieurs opérateurs attribuent l'évolution du niveau de commandes à l'annulation de donneurs d'ordres des commandes passées en Tunisie et en Egypte. Une aubaine qui persistera tant que ces deux pays ne sortent pas de la zone de turbulence. D'autres opérateurs soulignent plutôt la politique des pays asiatiques, dont le mastodonte Chine, a décidé de se recentrer sur leur marché intérieur. Ce qui est synonyme d'un niveau de commandes plus important pour les autres pays spécialisés dans la sous-traitance. La combinaison des deux phénomènes peut être le garant d'une reprise sur le secteur, au moins sur le court et le moyen terme. Une situation qui conforte nos industriels dans leur choix de recruter massivement durant l'année en cours, en témoigne la satisfaction du président de l'Amith, El Mostafa Sajid, quant aux délais de formation des 5.500 jeunes qu'il juge «exceptionnels». Vue le besoin pressant, «l'ensemble de ces jeunes ont été immédiatement recrutés par les entreprises du secteur, ce qui correspond à un taux d'insertion de 81%», souligne Larbi Bencheikh, directeur général de l'OFPPT. «Le secteur offre désormais un emploi stable et durable», soulignent les deux professionnels. Or, deux points risquent de limiter cet engouement. Le renchérissement des prix des matières premières et la hausse du Smig. Deux données qui n'étaient pas à l'ordre du jour lors des conclusions des carnets de commandes et qui risquent de peser lourdement sur la trésorerie des entreprises du secteur.