Le Conseil national des Marocains au Sénégal dénonce la détention de cinq Marocaines à Dakar depuis plus d'un mois. Jugeant l'acte «arbitraire», la communauté déplore l'indifférence de l'ambassade du Maroc et appelle le ministre des Affaires étrangères et celui en charge des MRE à agir. Détails. Depuis une trentaine de jours, cinq Marocaines sont détenues à Dakar «sans qu'aucun délit n'ait été qualifié ni avéré», indique le Conseil national des Marocains au Sénégal. Dans une lettre adressée, vendredi 4 mars, au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar et au ministre en charge des MRE, Anis Birou, l'association dénonce une détention «arbitraire» sous l'indifférence de l'ambassade du Maroc. Suite à une plainte prétendument déposée au nom de l'ambassade Employées comme serveuses par un Libanais propriétaire d'un bar et d'une boite de nuit, ces cinq femmes ont été arrêtées suite à une embrouille entre l'homme d'affaire et quatre anciennes serveuses marocaines ayant travaillé pour lui pendant quatre à cinq ans. Selon le PV consulté par le CNMS, l'homme aurait l'habitude de confisquer les passeports de ses employées à leur arrivée pour le leur rendre une fois le prix du billet remboursé. Sauf qu'au moment où ces quatre femmes ont été congédiées, l'une d'entre elle n'a pas pu récupérer son passeport. Le Libanais lui aurait fait valoir qu'elle lui devait encore de l'argent. Pour faire pression, les quatre Marocaines se seraient tournées vers l'ambassade accusant l'homme d'affaire de les avoir obligées à se prostituer pendant leurs années de collaboration. L'ambassade aurait alors déposé une plainte contre ce Monsieur. Une enquête a ensuite été ouverte, conduisant à son inculpation, ainsi qu'à celle de toutes ses employées. En plus des cinq Marocaines, trois Ukrainiennes et une Tunisienne sont également détenues, selon le CNMS. Devoir consulaires non respectés selon le CNMS Les cinq Marocaines venaient d'arriver au Sénégal. Excepté la nouvelle gérante de la boîte de nuit qui a déjà passé environ quatre mois dans le pays, les autres n'y séjournent que depuis 15, 17, et 30 jours. «Nous regrettons que des filles nouvellement arrivées comme elles ne soient pas protégées par l'ambassade», confie à Yabiladi Mohamed Farsi, président du CNMS. «Quand la police a réalisé la perquisition pour les arrêter, elles étaient en train de dormir. Il n'y a pas eu de flagrant délit. Nous voulons connaitre le motif de cette arrestation», ajoute-t-il. Au niveau de l'ambassade cependant, difficile d'obtenir des explications. Nous avons tenté en vain de les joindre. Actuellement, l'association a engagé un avocat pour défendre les cinq Marocaines, mais elle estime avoir impérativement besoin de l'appui des autorités. «Depuis 30 jours, ce sont les restaurateurs libanais qui donne à manger à ces femmes. La représentation diplomatique ne fait rien», ajoute M. Farsi. Pas de prostitution ? La sœur de la nouvelle gérante de la boîte de nuit s'est mobilisée depuis le Maroc pour appuyer le travail de l'association. «Quand j'ai débarqué à Dakar après l'arrestation de ma sœur et des autres filles, je suis allée à l'ambassade. Mais, ils m'ont dit qu'ils ne sont pas informés de cette affaire. Pourtant, la convocation et le PV sont au nom de l'ambassade», explique-t-elle à Yabiladi ce lundi matin, à quelques minutes du départ de son vol. «C'est blessant de ne pas pouvoir compter sur la diplomatie de son pays», explique cette femme qui fait les aller-retour entre Casablanca et Dakar depuis un mois, espérant que sa sœur soit libérée. D'après elle, il n'y a pas de prostitution qui tienne. «Ces filles sont des serveuses. Elles ont des contrats de travail… et celles qui parlent même de prostitution n'ont aucune preuve», argue-t-elle. Impossible toutefois d'avoir le ressenti de la famille au Maroc fasse à la détention de leur fille à l'étranger. «La famille n'est pas au courant. Vous savez, c'est le Maroc… Les gens ne comprendraient pas. Ils vont juger ma sœur avant même que le juge ne fasse son travail», dit-elle. Mezouar et Birou appelés au secours Les cinq Marocaines passeront devant le juge d'instruction demain, mardi 8 mars, un moment déterminant. «On ne demande pas à M. Mezouar et M. Birou d'intervenir au niveau de la justice sénégalaise en laquelle nous avons confiance. Ce que nous leur demandons, c'est de s'assurer que le procès se déroulera dans un cadre légal et que l'assistance nécessaire soit apportée à ces jeunes filles», explique Mohamed Farsi. Et de glisser : «si c'est le Conseil des MRE qui défend et assiste les ressortissants chaque fois, je me demande quel est le rôle des services diplomatiques».