Si les conclusions du rapport de la commission Wallonie-Bruxelles sont appliquées, les imams belges se verraient obligés de retourner sur les bancs de l'école. La commission a rendu une série de propositions visant à former les imams belges à la lutte contre la radicalisation mais aussi à l'émergence d'un islam de Belgique. Sans empiéter sur la formation théologique, la commission propose de réorganiser la formation des hommes religieux. Ces propositions s'accompagnent d'une ouverture des ondes du service public au culte musulman. Détails. La commission de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient de rendre au ministère de l'Enseignement supérieur un rapport dans lequel elle met en avant la nécessité de former des cadres musulmans, rapporte la RTBF. L'objectif de cette proposition est d'œuvrer à l'émergence d'un islam de Belgique et de lutter contre la radicalisation. «Un Islam de Belgique, c'est un islam ancré dans un contexte démocratique belge et européen et qui assure les respect de ces valeurs fondamentales que sont la non-discrimination, l'égalité homme-femme, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la liberté d'expression, la liberté d'association, tous les droits de la Convention européenne des droits de l'Homme», confie Françoise Tulkens, vice-présidente de la Cour européenne de justice, qui préside la commission. Selon les conclusions du rapport, la formation devrait concerner les imams, les prédicateurs, les professeurs de religion islamique, les conseillers islamiques dans les prisons, dans l'armée, dans les hôpitaux et les instituts de protection de la jeunesse. Cette proposition ne sera cependant qu'une organisation de la formation. «Et cela se fera là aussi en collaboration avec l'Exécutif des musulmans de Belgique et avec les universités. Mais attention, pas question que l'Etat s'immisce dans la formation théologique, cela relève exclusivement de l'Exécutif des musulmans de Belgique et donc des communautés musulmanes. Les universités, elles, peuvent apporter des éléments de formation civique, sociale», explique André Rea, un des membres de la commission à l'origine de la proposition. Une émission consacrée au culte musulman sur le service public Il ajoute «ce n'est pas seulement faire de la formation pour les musulmans, mais c'est aussi proposer des formations qui permettent aussi aux non musulmans de pouvoir se rencontrer, parler de l'Islam et de pouvoir aussi dédramatiser d'une certaine manière une croyance qui risque d'être stigmatisée, si on ne reste que dans le langage sécuritaire, comme on l'entend parfois». Toute une série d'autres mesures accompagne la formation prônée par le rapport de la commission. Cette dernière recommande à l'avenir d'exiger pour les imams habilités à faire le prêche, un diplôme universitaire de master et pour les imams de 3ème rang au moins le Bac. Dans un moyen terme, la commission recommande d'instaurer pour les imams et professeurs de religion, un baccalauréat en sciences religieuses et sociales, un master en théologie. Dans les autres propositions de la commission, on retrouve des cours couvrant l'islam contemporain pour les acteurs socioculturels dans les Hautes Ecoles mais aussi le renforcement des filières en islamologie et en sciences des religions. Et pour finir sur ce volet, la commission demande la création d'une faculté de théologique islamique. L'instance va même plus loin. Au nom du principe d'égalité entre les cultes, elle recommande la création d'une émission sur la culture et le culte musulman sur les antennes du service public, la RTBF.