Après les chiites voilà que les chrétiens marocains sortent de l'anonymat. Un groupe baptisé «Eglise marocaine» demande au roi Mohammed VI, en sa qualité de commandeur des croyants, l'autorisation de célébrer les festivités religieuses de fin d'année dans les lieux de cultes officiels et privés. Longtemps tapis dans l'ombre, des chrétiens marocains décident de sortir de leur mutisme. Un groupe baptisé «Eglise marocaine» a pris l'initiative de s'adresser, non sans déférence, au roi Mohammed VI, en sa qualité de commandeur des croyants. Le groupe débute en indiquant que ses fidèles «prient Dieu de protéger le Maroc» et souhaitent également un prompt rétablissement au monarque. «Eglise marocaine» affirme que ses membres sont «attachés» à leur pays qui «sous le régime monarchique, jouit de la liberté et la stabilité», ajoutant qu'ils «remercient le roi et le gouvernement pour la sécurité qu'ils [leur] accordent en tant que minorité au Maroc». L'organisation continue son communiqué en sollicitant le «commandeur des croyants afin d'autoriser la célébration des festivités en toute liberté que ce soit à l'intérieur des maisons ou dans les églises officielles dont certaines [les] accueillent déjà. [Ils] demandent également la fin des restrictions directes ou indirectes». Deux catégories de chrétiens Au Maroc, les convertis au christianisme (nés musulmans) ne sont pas libres de pratiquer leur foi. La liberté de conscience n'est pas permise dans les textes. Ce qui explique les procès intentés de temps à autres à des convertis ou le recours à des campagnes d'expulsions de ressortissants européens ou américains accusés de «prosélytisme». La dernière en date était en 2010. Au royaume, la liberté dans l'exercice du culte pour les chrétiens n'est garanti que pour les étrangers. Ce message de "Eglise marocaine" brise la ligne de conduite observée depuis plusieurs années par les adeptes de Jésus au Maroc. Ce changement s'est opéré de manière graduelle, à la faveur d'une présence accrue sur les réseaux sociaux. Des pages telles «Eglise marocaine libre » ou «Eglise du Maroc » fleurissent sur Facebook. Le Marocain Rachid Al Maghribi, exilé aux Etats-Unis et qui se dit interdit d'entrer au Maroc pour ses convictions religieuses, a même lancé une chaîne sur le net. Il est encore difficile de donner un nombre exact de chrétiens marocains. Selon les estimations, ils seraient entre 8.000 et 10.000 fidèles.