Les exportations marocaines de tomates dans l'Union européenne (UE) devraient augmenter de 74% en cette fin 2010, par rapport à la même période en 2009, selon la Fédération espagnole des producteurs de fruits et légumes (FEPEX). Si pour l'économie du Royaume ceci reste une bonne nouvelle, elle reste perçue d'un mauvais œil du côté des producteurs espagnols dont le malaise à l'égard de l'Accord agricole Maroc-UE semble s'accentuer… Selon les prévisions de la FEPEX, le Maroc devrait avoir exporté 90 000 tonnes de tomates vers l'UE à la fin du mois de décembre courant, contre 51 640 tonnes à la même période en 2009. Si donc le rythme actuel était maintenu, le volume des exportations de tomates du Maroc vers l'UE aura augmenté de 74%. Une bonne nouvelle pour l'économie marocaine, en particulier pour le Plan Maroc Vert qui doit ambitionne de faire de l'agriculture l'un des principaux leviers de croissance dans le Royaume. Cependant, cette bonne nouvelle ne fait pas que des heureux. Les plaintes sont déjà nombreuses parmi les producteurs espagnol, à qui la bonne santé des exportations de tomates marocaines semble causer «des dégâts graves», selon une dépêche de l'agence de presse espagnole EFE. Le Maroc, principal fournisseur de l'Espagne en légumes (155 806 tonnes exportées en 2009, dont 32 222 tonnes de tomates), renforcerait ainsi cette position dominante. Ce que semble de moins en moins supporter les producteurs espagnols. De plus, l'une des conséquences des fortes exportations du mois de décembre 2010, serait une tomate marocaine moins cher à importer pour le client européen en général. Les prix du kilo sont ainsi passés de 0,90 euros à 0,42 euros. Ceci évidemment rend la tomate marocaine plus compétitive que la tomate espagnole sur le marché européen, et met à mal les exportations espagnoles de ce produit. Les producteurs espagnols qui se sont longtemps opposés au nouvel accord agricole finalement ratifié le 13 décembre dernier par le Conseil des ministres de l'UE, reviennent donc à la charge pour empêcher que le texte ne soit approuvé définitivement par le Parlement européen. Pour la FEPEX cet accord déstabiliserait complètement le marché communautaire (surtout espagnol) des fruits et légumes. Les producteurs espagnols appellent dans ce sens, les parlementaires européens à tenir compte du «naufrage qui se produit à chaque campagne agricole». Ils demandent l'application des mesures de sauvegardes prévues par l'Accord en vigueur qui stipule que «la commission pourra prendre les mesures appropriées lorsqu'un produit importé en grandes quantités, provoque des difficultés ou une détérioration de la situation économique d'une région». Depuis longtemps les producteurs espagnols tirent à boulets rouges sur l'accord agricole Maroc-UE, parce qu'il instaurerait, selon eux, une concurrence déloyale. Ils apprécieraient certainement mieux de se débarrasser d'un concurrent trop gênant pour eux. Ils apprécieraient aussi certainement que leurs intérêts s'imposent à celui de la majorité des pays européens qui se sont montrés favorable à l'Accord…