Le tribunal des prud'hommes à Paris a examiné ce mardi 14 décembre, les dossiers de quelques 360 salariés d'origine marocaine, ayant engagé des poursuites contre la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) pour discrimination. Les plaignants (employés ou retraités) réclament surtout, un statut de cheminots – donnant droit à des avantages sociaux – accessible uniquement aux Français et depuis peu aux ressortissants de l'Union européenne. Ils ont été recrutés au Maroc dans les années 1970 comme contractuels et donc pas avec un statut de cheminots. Plus de 40 ans après, ils n'ont jamais eu les mêmes traitements que leurs collègues français, même si sur leurs contrats de travail, il est écrit que «le travailleur étranger a droit au même régime de travail que les ouvriers français, doit recevoir à travail égal une rémunération égale à celle de l'ouvrier français de même catégorie». En mars dernier, les dossiers de 89 Marocains retraités ou encore en exercice à la SNCF avaient été soumis aux prud'hommes pour les mêmes raisons. L'audience avait finalement été reportée au 14 décembre à la demande de leur avocat. Entre temps, le nombre de plaignants a atteint 360. Pour mémoire, Bouabdellah Frahlia, délégué du syndicat Sud Rail qui soutient leur action, avait dit à l'époque qu'environ 2 000 Marocains étaient lésés par la clause de nationalité toujours en vigueur à la SNCF. Cette clause les empêche d'avoir le statut de «cadre permanent, (…) de partir à la retraite à 55 ans, de cotiser à la caisse de prévoyance et de retraite de la SNCF», voire de bénéficier des «facilités de circulation (billets gratuits ou réduits)». Par ailleurs, ces travailleurs marocains «sont aussi discriminés sur le déroulement de leur carrière. Ils n'ont pas le droit de passer les examens en interne pour évoluer», a ajouté Frahlia. Pire ! Selon leur avocat Léopold Mendes, cité par Libération, ils se retrouvent «à plus de 50 ans, sur les rails en extérieur à assembler des wagons, ou dans des gares de triage». L'entreprise publique française n'a pas souhaité se prononcer sur cette affaire. Elle a aussi demandé du temps pour préparer sa défense. Le procès devrait être renvoyé à une date ultérieure en 2011. En attendant, d'après le syndicat Sud Rail, ce «traitement différencié du fait de l'origine étrangère» est «une forme de discrimination directe». Tous les cheminots concernés par cette situation espèrent des dommages et intérêts. Selon le calcul de leur avocat, la part de chaque personne pourrait atteindre entre 300 000 et 400 000 euros. Si la plainte devant les prud'hommes n'aboutit pas, l'avocat considère de lancer une procédure auprès de la HALDE.