HRW se défend de ternir l'image du Maroc. L'ONG, malgré la lettre incendiaire de Mustapha El Khalfi, souhaite que la crise avec Rabat ne soit que passagère. L'ONG Human Rights Watch répond à la lettre de Mustapha El Khalfi la menaçant de suspendre ses activités au Maroc. Le porte-parole du gouvernement a accusé les rapports de HRW de «manque complet de neutralité et d'objectivité», pointant du doigt «le processus insidieux engagé de manière régulière par ses équipes sur notre territoire, depuis plusieurs années». Le ministre de la Communication a estimé dans son message, publié sur les colonnes du Wall Street Journal, que les rapports de l'association n'ont qu'un seul objectif c'est «de ternir l'image de ses institutions et réalisations démocratiques, à travers des jugements préétablis». L'ONG se défend HRW a bien entendu récusé les propos du ministre mais sur un ton très modéré, reconnaissant que «durant les 25 dernières années, Human Rights Watch a travaillé à promouvoir le respect des droits de l'homme au Maroc et au Sahara Occidental, sans que le gouvernement ne dresse d'obstacles significatifs sur sa route». Une manière pour elle de ne pas rompre le fil du dialogue avec certains officiels à Rabat. L'ONG a tenu à rappeler dans sa réponse que la demande marocaine n'est que le prolongement d'une série d'actions menées par les autorités marocaines depuis quelques mois contre les défenseurs des droits de l'Homme. En témoigne, selon elle, l'expulsion le 11 juin «de deux cadres d'Amnesty International» et le «contexte de restrictions croissantes imposées aux organisations locales des droits de l'Homme, dont l'Association Marocaine des Droits de l'Homme». A noter que dans son communiqué, HRW a évité de citer des cas survenus au Sahara occidental. Sur les traces de l'Algérie ou l'Egypte ? L'escalade avec HRW met sérieusement à mal le discours d' «ouverture» et d' «exception dans une région mouvementée» prôné par les officiels marocains. Pire encore la «menace» brandie par Mustapha El Khalfi place le Royaume au même rang que l'Algérie. En effet, depuis des années, le voisin de l'Est ferme hermétiquement ses portes aux représentants d'ONG internationales des droits de l'Homme -dont HRW- pour y mener des enquêtes. Une position qui commence à faire des émules du côté de l'Egypte d'Abdelfattah Al Sissi. En août 2014, Le Caire avait refoulé Kenneth Roth le directeur de HRW et Sarah Leah Whitson, directrice au sein de l'ONG pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (une habituée du Royaume). Rabat a-t-elle intérêt à rejoindre ce club ? HRW ne souhaite pas une telle issue pour le Maroc et garde espoir que le pays «retrouve rapidement son rang parmi les pays ouverts aux organisations indépendantes des droits de l'homme, dont Human Rights Watch».