La fête de trône de cette année a connu une réconciliation du pouvoir avec une aile de l'Armée de libération nationale. Celle qui refusait de déposer les armes même après l'indépendance du Maroc et de «se ranger» dans les Forces armées royales dirigées par Hassan II, alors prince héritier. Mohamed Ait Idder représente cette partie de l'ALN. Hier, il a été décoré par le roi Mohammed VI. Mohamed Ait Idder figure sur la liste des personnalités marocaines décorées par le roi Mohammed VI à l'occasion de la fête du trône de cette année. Le leader politique de gauche et ancien cadre de la région sud de l'Armée de libération nationale a eu droit au Wissam Al Arch de première classe (Grand officier). Fidèle à son habitude, il a salué le roi d'une poignée, tremblante à cause de son âge très avancé (90 ans). Une distinction à l'origine de quelques remous au sein de sa formation, le Parti socialiste unifiée. Sa secrétaire générale, Mme Nabila Mounib, affirme dans des déclarations à la presse que la direction du PSU n'était pas au courant du geste royal envers un des plus vieux opposants de Hassan II. Il refuse le baisemain Condamné à mort en 1963, Ait Idder avait réussi à quitter clandestinement le royaume pour la France. Après des années d'exil, il avait bénéficié en 1981 d'une amnistie et a décidé de rentrer au Maroc. Deux années plus tard, en 1983, il fondait l'Organisation de l'action démocratique et populaire. Durant tout le règne de Hassan II et sous l'impulsion de son fondateur, l'OADP est restée une ligne politique totalement opposée au pouvoir à l'exception du dossier du Sahara occidental. Elle avait notamment appelé à voter non au referendum de 1996 sur le projet de constitution. Elle était également contre la participation à l'expérience du gouvernement de l'alternance en 1998. Ait Idder était connu pour être le seul homme politique à ne pas se sacrifier au rituel du baisemain. Ces dernières années, l'ODAP a complètement disparu du paysage politique national. Elle a fusionné avec de petites formations d'extrême gauche pour créer dans un premier temps le GSU (Gauche socialiste unifiée) devenu ensuite en 2005 le PSU. Depuis, Mohamed Ait Idder a préféré prendre ses distances avec les instances du parti, laissant les commandes à une élite moins fidèle à l'héritage de l'OADP. Depuis le PSU cherche sa voie ainsi qu'un leader aussi charismatique.