L'incident de la sardine à Melilla est-il définitivement clos ? Les voix les plus virulentes du côté espagnol - celles du Partido Popular - semblent s'affaiblir. Une délégation de ce parti a même rencontré le premier ministre Abbas El Fassi vendredi dernier. Cependant, les discussions entre les deux parties qui ont duré une quarantaine de minutes, n'ont pas touché les questions liées à Melilla et Sebta ainsi qu'au conflit du Sahara. Pour rappel, Mariano Rajoy, le président du PP s'était rendu à Melilla le 16 septembre dernier. Quelques heures avant ce voyage, le Parti de l'Istiqlal (PI) avait qualifié cette future visite de «provocatrice». Abbas El Fassi, secrétaire général du PI, a même adressé une lettre à Mariano Rajoy, dans laquelle, il a indiqué que la visite à la «ville marocaine occupée Melilla», est une «atteinte criarde à la dignité et au sentiment national». En Espagne, le gouvernement a également critiqué ce voyage qui intervenait dans un moment de tensions entre les deux Royaumes. Difficile d'entrevoir une approche constructive dans ce voyage de Rajoy. Aujourd'hui, son parti semble changer de cap. En marge du congrès de l'Internationale démocratique du centre (IDC) qui s'est tenu à Marrakech du 8 au 11 octobre, le premier ministre Abbas El Fassi a reçu vendredi, une délégation du Parti Populaire (PP) espagnol. Ce tête-à-tête avait pour objectif de tourner la page et «regarder vers l'avenir» selon des sources du PP, citées par La Razón. Une rencontre entre le premier ministre marocain et le PP, une formation traditionnellement hostile au Maroc, est en soi un signe de détente. D'ailleurs, la réunion s'est déroulée dans une atmosphère très constructive pour les deux parties, d'après Jorge Moragas, qui dirigeait la délégation espagnole. Le coordinateur de la présidence et des relations internationales du PP n'a pas hésité à paraphraser Mariano Rajoy, qui avait déclaré durant sa visite à Melilla, que les deux pays doivent «travailler ensemble» et que ce qui unit le Maroc et l'Espagne est «plus important que ce qui les sépare». Toutefois, les discussions ont porté sur la lutte contre l'immigration clandestine, la lutte contre le terrorisme, la coopération économique et culturelle, d'après Jorge Moragas. Pas un mot donc sur Sebta et Melilla, qui étaient pourtant au centre de la récente crise entre les deux voisins, ni sur le Sahara. S'il y a détente sur un plan personnel, elle ne s'étend pas aux sujets épineux. Sur le plan personnel, la détente pourrais d'ailleurs aller plus loin. A l'issue de cette rencontre, Jorge Moragas a laissé entendre que le PP n'exclut pas à l'avenir, une entrevue entre Abbas El Fassi et Mariano Rajoy. La dernière rencontre entre ces deux hommes, remonte au temps où Rajoy était ministre de l'Intérieur de son pays. Reste à savoir si lors d'une telle rencontre, les deux hommes politiques reviendront sur la lettre envoyée par El Fassi à Rajoy. Ou s'ils préfèreront éviter pour garder le sujet de Melilla et Sebta uniquement pour leurs électorats respectifs.