Mohamed Abdelaziz est en convalescence à Alger. Hier après-midi, il a reçu le chef du gouvernement algérien qui était accompagné de son ministre aux Affaires étrangères. Au lendemain du départ de Christopher Ross des camps de Tindouf en direction de la Mauritanie où il s'est entretenu, hier matin, avec le président Ould Abdelaziz, le chef du Polisario a reçu le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal et Ramtane Lamamra. «La réunion a eu lieu dans une villa, baptisée Al Mithak, sise dans la zone huppée de la capitale algérienne, mise à la disposition de Mohamed Abdelaziz pour sa convalescence. Elle est située à quelques encablures du palais Mouradia où vit le président Abdelaziz Bouteflika», nous confie une source au Sahara. Et d'ajouter que «le polisarien a comme voisin, son ami Mohamed Ould Haidallah, l'ancien président mauritanien et grand ami du Front. Lui aussi bénéficie d'un traitement de faveur de la part des Algériens.» Tout sauf une visite de courtoisie Le timing de ce déplacement n'est pas sans susciter des interrogations alors que Mohamed Abdelaziz venait juste de rentrer d'une hospitalisation en Italie. Notre interlocuteur au Sahara écarte la possibilité d'une visite de courtoisie. Les proches collaborateurs du chef du Front ont d'ailleurs assisté à la réunion. Seul Lamine Bouhali manquait à l'appel. C'est dire l'importance des entretiens. Le sujet des discussions des deux parties ne concernaient pas la succession de Mohamed Abdelaziz. Catégorique sur ce point, notre source explique qu'il s'agit d'un dossier exclusivement du ressort des renseignements militaires du DRS et non du gouvernement Sellal. Il opte plutôt pour «une visite visant à mettre les points sur les i» au sujet du rapport publié début février après sept ans de silence, de l'Office européen anti-fraude sur les détournements systématique des aides de l'Union européenne destinées à la population des camps de Tindouf. Un document révélé alors qu'Abdelaziz était alité en Italie, et qui a gravement nui à l'image du Polisario au sein du Parlement européen, notamment auprès de ses nouveaux sympathisants. Alger tente de minimiser les dégâts en prévision de l'échéance d'avril. Il est fort possible que dans les prochains jours, le Polisario mette en place un mécanisme de surveillance des aides, entièrement sous sa tutelle. Une manière d'anticiper toute demande émanant du Maroc ou d'un autre pays visant à élargir la mission de la délégation du HCR dans les camps, à la distribution des aides à la population comme cela est en vigueur dans les autres camps des réfugiés à travers le monde. L'an dernier alors que les revendications des Sahraouis s'amplifiaient, la direction du Polisario avait mis en place une commission des droits de l'Homme.