L'harmonie s'installe un peu plus dans le ballet diplomatique entre l'Espagne et le Maroc cette semaine. Après des mois d'attente, le roi Mohammed VI aurait accepté la nomination du nouvel ambassadeur d'Espagne à Rabat, Alberto Navarro. En même temps, Ahmed Ould Souliem, l'ambassadeur du Maroc que l'Espagne avait mis du temps à accepter et qui, ensuite, a laissé son poste vide, entrera en fonctions «dans un bref laps de temps». L'annonce a été faite une semaine après que le Roi Mohammed VI ait rencontré le premier ministre espagnol José Luis Zapatero, en marge de la conférence des Nations Unies sur les objectifs du millénaire à New York. Elle vient corroborer l'amélioration des relations diplomatiques entre les deux pays et démontre la volonté de montrer que les tensions telles que celles intervenues à Sebta et Melilla ou encore à Laâyoune cet été n'entachent pas les bonnes relations au plus haut niveau. Alberto Navarro, ancien secrétaire d'Etat pour l'Union européenne (UE) et actuellement ambassadeur d'Espagne à Lisbonne, serait un proche de Zapatero comme du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguél Angel Moratinos. Comme l'indique la radio espagnole COPE, après plusieurs mois de doutes et d'attente, ce poids lourd de la diplomatie espagnole remplacera Luis Planas Puchades, actuellement en poste à Rabat et qui partira en mission à Bruxelles. En effet, le socialiste Navarro avait été nommé à ce poste dès fin juin, dans le cadre d'un important remaniement du personnel diplomatique espagnol juste avant la fin de la présidence espagnole de l'UE. Mais il n'avait pas tout de suite reçu l'aval de Mohammed VI, sans lequel aucun ambassadeur ne peut prendre ses fonctions dans le Royaume. Comme l'a relevé le quotidien espagnol abc.es, ce délai correspond à peu près au temps que l'Espagne a pris pour approuver la nomination en poste à Madrid d'Ahmed Ould Souilem, ex-dirigeant du Polisario ayant rallié le Maroc en 2009. Proposé en janvier, Ould Souilem n'a eu le feu vert de Madrid que trois mois plus tard, «tant la nomination de cet originaire de son ex-colonie du Sahara occidental, ancien cadre du Front Polisario de surcroît, a semblé plonger le gouvernement espagnol dans l'embarras», expliquait François Soudan dans Jeune Afrique. Pour poursuivre : « tout ce qui touche de près ou de loin au Sahara est ultrasensible en Espagne, où les réseaux favorables aux indépendantistes sahraouis sont nombreux, actifs et influents.». Malgré l'aval reçu, l'ambassadeur n'a pourtant pas encore pris ses fonctions. Un signal fort pour protester contre l'influence que l'Espagne tentait de prendre sur le choix du personnel diplomatique. C'est dans ce cadre que se situe également le retard pris par Mohammed VI pour avaliser la nomination de Navarro. Mais aujourd'hui, les signaux envoyés sont de toute autre nature. La photo de Zapatero avec le souverain marocain prise à New York n'en est qu'un exemple, survenu après que l'affaire de la sardine ait donné lieu à un intense échange diplomatique entre les deux pays. En marge de cette même conférence, le premier ministre espagnol avait annoncé qu'Ahmed Ould Souilem allait prendre ses fonctions «dans un bref laps de temps». Et une fois les deux ambassadeurs en place, une rencontre informelle entre les rois Mohammed VI et Juan Carlos d'Espagne est déjà prévue pour afficher cette amitié retrouvée.