Faciliter l'échange d'informations dans des affaires criminelles impliquant le Maroc et les Pays-Bas, voilà l'objectif principal d'une convention signée ce lundi entre les ministres de Justice des deux pays. «Un grand pas» dans la coopération en matière pénale, estime le ministre hollandais Hirsch Ballin, notamment en vue d'un futur accord d'extradition. Fini le temps de l'espionnage pour avoir des informations sensibles ? L'heure n'est pas aux frictions en cette 400ème année de relations entre les Royaumes du Maroc et des Pays-Bas. Il y a peu, l'affaire Lemhaouli avait trouvé une issue plutôt modérée. Ce policier Maroco-Néerlandais qui fournissait à l'ambassade marocaine des informations confidentielles tirées des bases de données de la police néerlandaise n'a finalement écopé que de 240 heures de travaux d'intérêt général. Pas de peine de prison, mais pas non plus d'investigation sur les pressions que dit avoir subi le policier de la part des services secrets marocains. Aujourd'hui, les deux pays vont plus loin. Les informations que transmettait le policier-espion n'étaient finalement pas si sensibles, pourquoi donc ne pas les transférer de manière régulière, en signe de bonne entente ? C'est ce qu'ont convenu les ministres marocain et néerlandais de la Justice, Ernst Hirsch Ballin et Mohamed Naciri, ce lundi 20 septembre, en signant une convention judiciaire. Les principaux champs d'action visés par la convention sont la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Selon Hirsch Ballin, interviewé par la chaine néerlandaise NOS, plusieurs centaines d'affaires criminelles chaque année s'étendent aux deux pays, et c'est en cela qu'une coopération approfondie signifie un «grand pas» vers la sécurisation des relations entre les deux pays. Les moyens mis en œuvre concernent principalement une plus grande fluidité de l'information. Deux juges de liaison, un Marocain et un Néerlandais, devront assurer un rôle pivot dans cette nouvelle politique de coopération. Les sujets cruciaux auxquels ils auront à faire sont le trafic de drogues et de marchandises de tout genre, mais aussi la traite d'hommes, et, comme l'avait mis en évidence le procès Lemhaouli, les informations sur d'éventuelles activités terroristes planifiées dans des réseaux opérant dans les deux pays. Mais pour le moment, la coopération se limite à l'échange d'informations. Il n'est pas question encore d'un accord d'extradition comme il en existe entre le Maroc et la France ou la Belgique, par exemple. Mais, selon Hirsch Ballin, un tel accord reste un important projet d'avenir pour son ministère.