Trois syndicats au Maroc (UMT, CDT et la FDT) ont décidé, hier soir, d'observer une grève générale pour le 29 octobre. C'est la première fois que les trois grandes centrales prennent une telle décision. Une lettre a même été adressée au nouveau chef de l'UGTM, Mohamed Kafi Cherrat, pour rejoindre le débrayage. Le torchon brûle entre le gouvernement et les syndicats. La ferme volonté exprimée par le cabinet Benkirane d'aller de l'avant dans son projet de redressement financier des caisses de retraites n'a fait qu'envenimer davantage, des relations déjà très tendues. Preuve en est le blocage que connait le processus du dialogue social depuis plus de trois ans. Cette fois, trois grandes centrales ont convenu d'appeler à une grève générale pour le 29 octobre. Le choix de la date n'est par fortuit, elle renvoie directement à la disparition du leader de l'UNFP, Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965. Ce débrayage est à l'initiative de l'UMT de Miloudi Moukharik, de la CDT à la tête de laquelle trône sans partage Noubir Amaoui et de la FDT de Abderrahim Azzouzi en rupture de ban avec l'USFP de Driss Lachgar. Faire mieux que le débrayage de Chabat du 23 septembre Le gouvernement à deux semaines devant lui pour convaincre les trois leaders de renoncer à la grève générale. Benkirane devrait prendre très au sérieux l'alerte, d'autant plus qu'elle n'est pas l'œuvre d'un seul syndicat comme lors du débrayage du 23 septembre des amis de Hamid Chabat. Cette grève avait été peu suivi dans la fonction publique et les collectivités locales, deux secteurs qui ne constituent guère la force de frappe de l'UGTM. En revanche, l'UMT et la CDT, et dans une moindre mesure la FDT, sont très bien implantées notamment dans l'enseignement, la justice, la santé et les communes. Quatre départements qui enregistrent la concentration d'une forte majorité de fonctionnaires. Des éléments qui pourraient assurer la réussite de l'initiative des trois centrales au moins dans la fonction publique. En dépit de cette force numérique sur le papier, les leaders de l'UMT, CDT et FDT ne désespèrent pas d'un éventuel ralliement du bras syndical de l'Istiqlal. Ils comptent adresser une lettre à Mohamed Kafi Cherrat, le nouveau secrétaire général de l'UGTM, pour l'inviter à rejoindre le mouvement. D'autant plus que ce syndicat est populaire auprès des chauffeurs de taxis (les grands et les petits). Cette main tendue à l'UGTM a valeur de test sur l'indépendance de Cherrat vis-à-vis de son mentor Hamid Chabat. Par le passé, le patron de l'Istiqlal avait refusé d'adhérer à la coordination lancée, en mars dernier, entre l'UMT, la CDT et la FDT. Et il n'avait pas pris part à la marche du 6 avril de Casablanca.