En avril dernier, la police de New York annonçait le démantèlement de son unité spéciale chargée de surveiller la communauté musulmane locale, au lendemain du 11 septembre 2001. L'objectif était alors de prévenir tout acte terroriste. Aujourd'hui, celle-ci est accusée d'avoir menti à ce sujet. Son programme d'espionnage serait toujours en place. Explications. La NYPD serait-elle toujours en train de surveiller secrètement les musulmans de New York ? C'est ce qu'affirment en tous cas des défenseurs de droits civiques qui ont déposé mardi contre les autorités de la ville. Ces dernières sont accusées de «continuer de soutenir la surveillance discriminatoire de la communauté musulmane par la police», rapporte l'agence de presse américaine AP. Ces accusations sont intervenues après que la ville ait déposé un dossier de 79 pages dans lequel elle affirme que le programme de surveillance en question, censé avoir été démantelé en avril dernier, n'avait causé de dégâts matériels à personne. Le dossier a été déposé auprès de la cour d'appel des Etats-Unis pour le troisième circuit, afin que celle-ci confirme une décision rendue auparavant par la Cour fédérale du district de New Jersey, rejetant une plainte déposée par six hommes et femmes musulmans contre la NYPD. Incohérence de la municipalité Dans le dossier déposé lundi, les avocats de la ville de New York estiment que le tribunal du New Jersey avait raison puisque «les plaignants n'ont pas réussi à démontrer qu'ils avaient subi un préjudice concret en particulier», souligne le New York Times. «Leurs préjudices présumés, bien qu'ils aient été suffisamment détaillés, ne sont pas forcement attribuables au programme de surveillance de la NYPD», indique-t-on dans le document. La défense de la municipalité pointe plutôt du doigt le journaliste de l'AP, ayant révélé l'existence du programme d'espionnage au grand jour. Pour Glenn M. Katon, qui dirige l'association «Muslim Advocates», il y a là une «incohérence» flagrante entre «ce que l'administration veut transmettre au public» et son traitement de l'affaire d'espionnage. «Ils recyclent les mêmes positions juridiques que Bloomberg (Ndlr : Maire de New York jusqu'à décembre 2013)», a-t-il ajouté. Plus de 10 ans d'espionnage L' «Unité démographique» de la NYPD avait été créée en 2003, soit quelques mois seulement après les attentats du 11 septembre 2001. Ses agents étaient chargés de récolter des informations sur la communauté musulmane locale et leurs habitudes, dans l'objectif de prévenir les actes terroristes. Pour ce faire, ils s'habillaient en civil, se rendaient aux mosquées, fréquentaient les librairies religieuses et mangeaient même dans des restaurants halals. Finalement, il s'est avéré que ce programme n'a pas servi à grand-chose puisqu'il n'a jamais pu prouver l'existence de terroristes parmi les cibles surveillées. Depuis l'arrivée de la nouvelle équipe municipale de la ville, en janvier dernier, l'unité était devenue largement inactive. En avril, la NYPD a donc annoncé son démantèlement.