Nouvelles révélations sur la surveillance des musulmans à New York. Toutes les mosquées de la ville sont secrètement considérées comme des «organisations terroristes», d'après des documents confidentiels de la police new yorkaise obtenus par Associated Press. Cela a donné lieu à plusieurs procédés déstabilisants pour la communauté musulmane. Détails. L'affaire a été révélée, mercredi, par deux journalistes de l'agence Associated Press. Ils affirment en effet avoir eu accès à des documents de la New York City Police Departement (NYPD) dans lesquels celle-ci a classé les mosquées de la métropole dans la catégorie des «organisations terroristes». Les journalistes rappellent que désigner une mosquée d'organisation terroriste revient à dire que quiconque fréquente ce lieu est potentiellement dangereuse et qu'il y a lieu de le soumettre à surveillance ou d'ouvrir une enquête à son sujet. 12 enquêtes terroristes ouvertes dans les mosquées Pour rappel, AP avait déjà révélé en septembre 2011 la mise sous surveillance de la communauté musulmane de la ville, dont de nombreux Marocains par la police new yorkaise suite à l'attentat du 11 septembre 2001. Onze ans plus tard, en juin 2012, AP révélait que cet espionnage avait été vain. En effet, cela n'avait abouti à aucune arrestation, ni à l'ouverture d'une quelconque enquête antiterroriste. D'ailleurs, le dirigeant de la division du renseignement du NYPD, Thomas Galati, l'avait reconnu en juin 2012, lors de sa comparution, dans une toute autre affaire. Les documents confidentiels consultés par AP montrent, d'après l'agence, qu'une douzaine d'enquêtes dites «terrorism enterprise investigations» (TEI) – ont été ouvertes dans les mosquées depuis le 11 septembre. La NYPD espionnait «d'innombrables musulmans innocents» en mettant les informations les concernant «dans des fichiers secrets», selon AP. Infiltrations à la tête d'organisations musulmanes Ce type d'enquête (TEI), a cependant la particularité de permettre à la police d'envoyer des agents pour infiltrer des organisations. Ceux-ci recrutent des taupes dans les équipes dirigeantes des moquées, explique AP. Dans le cas des séries d'espionnage de la communauté musulmane, le ministère de l'Intérieur aurait ordonné des infiltrations afin de combler les lacunes du renseignement, d'après la même source. Des allégations réfutées par les autorités de la ville. Cependant, les documents de la police montrent, selon AP, que l'un des plus influents groupes arabo-américain de Brooklyn était sur la liste des organisations à infiltrer. «Tout cela crée la méfiance au sein de nos organisations. C'est à se demander qui sont ceux assis dans les conseils d'administration des institutions dans lesquelles nous travaillons et prions», confie Linda Sarsour, l'une des responsables du groupe. La NYPD se tient à distance de la presse. Mais sur Twitter, l'un des candidats à la mairie de New York, Bill de Blasio, s'est dit «profondément troublé par ces révélations». Le candidat démocrate John C. Liu a, quant à lui, formellement condamné ces surveillances, affirmant qu'elles «trahissent les principes fondateurs» de l'Etat américain.