Un sondage publié jeudi sur le site du Figaro indigne une grande partie des internautes. Il y est question de savoir si les musulmans ont suffisamment condamné l'assassinat du Français Hervé Gourdel par un groupe lié à Daesh. Voyant la polémique enfler sur les réseaux sociaux, le journal de droite l'a ensuite retiré, sans pour autant présenter des excuses. Un sondage publié jeudi sur la version web du Figaro fait polémique. Celui-ci suggère à ses lecteurs de répondre à la question suivante : «Assassinant d'Hervé Gourdel : Les musulmans de France manifestent-ils suffisamment leur opposition à la menace terroriste ?». Une question «qui prête largement à confusion», comme le souligne le site du magazine Lesinrocks.com. «La formulation de la question prête en effet à se demander, a priori, si la France condamne suffisamment les musulmans. Ce n'était (heureusement) pas le sens de la question. Mais celui que voulaient lui donner les auteurs de cette question n'apparaît guère plus justifié», ajoute le site du magazine français. «Quelle folie !» Rue89 a été également parmi les premiers à réagir à la polémique. Dans un billet publié hier par la rédaction du journal en ligne, intitulé Les musulmans priés de condamner des terroristes : «quelle folie !», ses journalistes se demandent «Pourquoi LeFigaro.fr a-t-il proposé un sondage dont la question était : «Estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ?», avant de le retirer ? Pourquoi nous attendons-nous à ce que les musulmans le fassent ?». «La logique à l'œuvre dans tout cela est terrible. Elle présuppose que les musulmans seraient, par défaut, solidaires des actes des terroristes. Elle présuppose que tout musulman est relié au terrorisme islamiste et qu'il doit publiquement couper ce lien. Elle présuppose une suspicion a priori. Une suspicion qui est parfois explicite mais qui est le plus souvent sourde, voire intériorisée par les musulmans eux-mêmes», écrivent-ils. Le journal n'heiste pas à parler d'islamophobie. «Cette logique relève de ce qu'on appelle, à défaut d'avoir un autre mot, "d'islamophobie". Elle s'est insinuée partout. C'est une logique folle. Folle au point d'imaginer que l'islam crée une identité à part, unique». Sur un ton ironique, celui-ci poursuit : «On n'a pas demandé aux chrétiens de se désolidariser du Ku Klux Klan», «on n'a pas demandé aux poupées de se désolidariser de Chucky», «on n'a pas demandé aux Joseph de se désolidariser de Staline», ou encore «on n'a pas demandé aux femmes de se désolidariser de Nabilla». La Société des jounalistes du Figaro a, elle, publié un communiqué dans l'après-midi. Elle y condamne notamment «l'ineptie de cette question» qui «laisse entendre que la communauté musulmane dans son ensemble puisse être complice ou faire preuve de complaisance à l'égard des terroristes». Le communiqué de la Société des journalistes du @Le_Figaro pic.twitter.com/wVPc9ziWz6 — Jérôme Bouin (@jeromebouin) 25 Septembre 2014 Indignation Sur les réseaux sociaux, les réactions des internautes ne se sont pas, non plus, faites attendre. Irresponsable et indécent RT @Le_Figaro: Les musulmans de France manifestent-ils suffisamment leur opposition à la menace terroriste ? — Cécile Duflot (@CecileDuflot) 25 Septembre 2014 Selon vous, les prix élevés des épiciers arabes servent-ils à financer l'état islamique ? #sondecommeleFigaro — Antoine (@andoroche) 25 Septembre 2014 Les musulmans doivent-ils opter pour un nom et un faciès norvégien au hasard type Breivik pour vivre en paix ? #SondeCommeLeFigaro — Ti Nounou (@Ti_nounou) 25 Septembre 2014 Pensez-vous que c'est la faute des musulmans si l'iPhone 6 se déforme quand on le met ds la poche arrière ? #SondeCommeLeFigaro — infamous (@moha_ddict) 25 Septembre 2014 Contacté par Le Monde, Alexis Brézet, directeur de la rédaction du Figaro, explique que «c'était une formulation maladroite». «Dès que nous avons saisi qu'elle était mal comprise, nous l'avons retirée», poursuit-il. «Sur le fond, (Ndlr : après l'assassinat de l'otage Hervé Gourdel par des djihadistes), la question de la réaction des autorités musulmanes se pose, elle est même posée par des musulmans eux-mêmes, mais notre formulation était maladroite», précise Alexis Brézet. Dans un tweet publié le jour meme, Le Figaro estime que ce sondage a pu «prêter à des interprétations regrettables», sans pour autant présenter des excuses.