Le groupe Taj Hotel abandonne la gestion du Taj Palace de Marrakech. Après Mandarin Oriental, au moment de l'affaire Patrick Finet, l'homme d'affaire marocain Jaouad Kadiri perd une nouvelle fois son partenaire dans la gestion d'un hôtel de luxe à Marrakech. «Taj Hotels Resorts & Palaces cessera de gérer le Taj Palace Marrakech, appartenant à la compagnie privée marocaine JK Hotels, à partir du 10 Septembre», a laconiquement annoncé mercredi, le site Taj Resorts & Palace en lieu et place de la page du Taj Palace Marrakech sur son site internet. «Nous continuons à poursuivre notre vision et nos objectifs propres, continue le communiqué, laissant deviner un conflit de points de vue avec JK Hotels, avant d'ajouter : nous souhaitons le meilleur à JK Hotels pour l'avenir.» L'annonce, passée plutôt inaperçue au Maroc, a pourtant de quoi retenir l'attention. C'est la deuxième fois que JK Hotels, société marocaine, propriété du jet setter et homme d'affaires Jaouad Kadiri, perd le gestionnaire de l'un de ses palaces à Marrakech. JK Hotels condamné à payer 3 millions d'euros à Mandarin Oriental La première fois, c'était en 2011, avec le non moins grand groupe Mandarin Oriental : «Le contrat entre Mandarin Oriental Hotel Group et JK Hotels a pris fin au début de l'année 2011 à la suite de violations par le propriétaire de ses obligations. Des poursuites ont été initiées par Mandarin Oriental pour recouvrer les montants dus au titre du contrat et pour la réparation du préjudice subi à cause de cette résiliation anticipée. À cet égard, un cas a déjà conduit à la condamnation de la société propriétaire à payer plusieurs millions d'euros au Groupe», précise aujourd'hui le groupe Mandarin Oriental, laissant entendre que d'autres poursuites sont toujours en cours. Plus exactement, JK Hotels auraient été condamné à verser 3 millions d'euros à Mandarin Oriental. «Cette somme correspond à une partie des réclamations du groupe vis-à-vis du propriétaire concernant la rupture du contrat de gestion et l'échec de ce dernier à rembourser les prêts consentis, à l'époque, par le Groupe Mandarin Oriental», précisait le groupe le 27 septembre 2012. «JK Hotels est en réalité en litige commercial et pénal avec diverses sociétés du Mandarin Oriental Hotel Group, employeur de M. Finet, ancien gestionnaire onshore de l'hôtel propriété de JK Hotels SA, et leurs dirigeants concernant l'abandon du projet en février 2011», avait ajouté, à l'époque JK Hotels, dans un communiqué. Affaire Patrick Finet Car cette rupture de contrat est concomitante de l'affaire Patrick Finet, ancien directeur du Mandarin Oriental de Marrakech et accusé de pédophilie. «Nos conseillers juridiques français et marocain suggèrent à cette heure que le sujet de l'article du quotidien Le Monde [intitulé "Pédophilie:Le Maroc va juger un hôtelier français"] pourrait être une tentative de déstabilisation menée par le propriétaire, Jaouad Kadiri, en vue de ternir la réputation de notre groupe et détourner l'attention du litige commercial de plusieurs millions de dollars qui nous oppose» avait expliqué, au même moment, le Mandarin Oriental. Depuis, Patrick Finet après avoir été nommé DG du Mandarin Oriental Milan en juin 2012 a été licencié mais, selon ses avocats, il n'est toujours pas poursuivi pour actes de pédophilie, alors que deux de ses employés ont bel et bien vus leur condamnation à 8 mois de prison ferme confirmée en appel le 21 avril 2014. Deux partenaires en même temps Aujourd'hui, c'est donc le Taj Hotel Group, propriété du groupe indien Tata, qui met à son tour un terme à son contrat de gestion du Taj Palace Marrakech qui le liait à JK Hotels, le propriétaire. A son ouverture en grande pompe, en janvier 2013, soit quelques mois seulement après l'affaire Patrick Finet, le journal britannique The Independent avait été invité à apprécier le confort de l'hôtel de luxe. «Bien qu'il ait eu un partenariat avec le groupe Mandarin Oriental, au début du projet il y a 6 ans, le propriétaire, Jaouad Kadiri un entrepreneur né à Tanger, a estimé que le problème n'était pas en train de se résoudre et il est parti à la recherche de nouveaux partenaires. La brouille a ajouté un retard de 3 ans à ce qui était déjà un investissement de long terme [ …]», rapporte le journaliste qui avait rencontré Jaouad Kadiri. Contacté, l'homme d'affaire marocain n'a pas été en mesure de répondre à nos questions concernant l'avenir de l'hôtel. Le groupe Tata pour sa part n'a pas souhaité donner plus d'éléments d'explications. Après leur rupture de contrat, les deux groupes hôteliers internationaux ont réagi différemment. Mandarin Oriental a choisi de changer son fusil d'épaule avant même l'ouverture de l'hôtel. «Mandarin Oriental Hotels Group annonce qu'elle a signé un accord à long terme pour gérer un hôtel de luxe en cours de développement à Marrakech, au Maroc.[…] Le propriétaire et promoteur du projet est le Park Palmeraie SA», a annoncé le groupe Mandarin Oriental le 28 mars 2012, un an après la rutpure de contrat. Il s'agit d'une filiale de Interedec dirigé par Omar Kabbaj, également promotrice des riads Angsana du groupe Banyan Tree au Maroc notamment à Marrakech. L'ouverture du MO prévue pour 2014 est repoussée à 2015. Taj Hotel, au contraire cesse la gestion du Taj Palace Marrakech presque un an et demi déjà après son ouverture, le 15 janvier 2013, sans rien préciser sur l'avenir de l'hôtel. Il s'agissait pourtant du premier hôtel de la catégorie 'palace' du groupe Taj hors de l'Inde.