Patrick Finet, ancien directeur de l'hôtel Mandarin Oriental Jnan Rahma à Marrakech, violemment accusé de pédophilie dans la presse, n'est pas poursuivi par la justice marocaine. Le procès ouvert le 28 septembre est celui de ses deux chauffeurs accusés de «participation à l'exploitation d'enfants pour du matériel pornographique». M. Patrick Finet, ancien directeur de l'hôtel Mandarin Oriental Jnan Rahma à Marrakech, soupçonné de faits de pédophilie, n'est pas, pour l'heure, poursuivi par la justice marocaine, contrairement à deux de ses chauffeurs, Anas E. et Brahim Khalil E., accusés d'«aide à la prostitution, participation à l'exploitation d'enfants pour du matériel pornographique». Ils ont comparu le 28 septembre devant le tribunal de 1ère instance de Marrakech. Comme l'affirme les avocats parisiens de Patrick Finet, Mathias Chichportich et Pierre Olivier Sur, leur client n'est pas poursuivi aujourd'hui au Maroc. «M. Finet n'a jamais été convoqué par la justice, ni entendu dans le cadre d'une enquête», indique Mathias Chichportich. «A l'audience du 28 septembre, les seuls convoqués étaient les deux rabatteurs», confirme Mustapha Errachdi, avocat de la section Marrakchie de l'Association Marocaine des Droits de l'Homme. Cependant, un mandat de recherche contre M. Finet a été lancé le 13 septembre 2011 par le procureur du roi car «l'intéressé est impliqué dans une affaire de pédophilie», indique le document qui nous est parvenu. Difficile de savoir à quelle plainte exacte fait suite ce mandat de recherche : plainte pour pédophilie et outrage aux bonnes mœurs de Jaouad Kadiri, PDG de JK Hotels, société marocaine en contrat avec la société Mandarin Oriental pour la construction de l'hôtel dont était en charge M. Finet pour pédophilie, ou plainte du même homme pour préjudice concernant l'utilisation de ses ressources (ses employés mis à disposition de M. Finet) à des fins illégales et atteinte à la réputation de son établissement ? Pas de mandat d'arrêt international La prochaine audience du procès des deux rabatteurs aura lieu le 19 octobre. Au terme de ce procès, si les deux hommes sont condamnés, M. Finet devrait logiquement faire l'objet de poursuites judiciaires, en dépit du fait qu'il ait quitté le territoire marocain, puisque ces deux hommes ne sont que des intermédiaires. La section de Marrakech de l'AMDH et Najat Anouar, président de l'association Touche pas à mon enfant se sont constituées parties civiles pour obtenir la vérité sur cette affaire. «Nous avons fait une demande pour la publication d'un mandat d'arrêt international afin que M. Finet soit contraint de s'expliquer sur cette affaire», annonce Mustapha Errachdi. Pour Mathias Chichportich et Pierre Olivier Sur, la justice marocaine manque tout simplement d'éléments pour poursuivre M. Finet. «Il est nécessaire de préciser, qu'en dépit de la gravité de ces allégations datant d'il y a plus d'un an, il n'y a, à notre connaissance et celle de nos conseillers juridiques, aucune enquête internationale, ni mandat d'arrêt international émis à l'encontre de Monsieur Finet», inisiste le Groupe Mandarin Oriental dans un communiqué, le 27 septembre. «Il ressort de l'enquête que l'expertise informatique de l'ordinateur de Monsieur Patrick Finet le disculpe totalement ainsi que son personnel de maison. Les témoins entendus sont tous subordonnés au plaignant car ils sont ses salariés et le jour de l'audience, le 28 septembre, ils ont demandé à revenir sur leurs déclarations. Enfin, aucune victime n'a été identifiée et donc auditionnée», détaille Mathias Chichportich. «L'AMDH est parvenue à trouver des victimes, il n'y a plus seulement des vidéos», annonce, au contraire, Omar Arbib, président de la section Marrakech de l'AMDH. 3 millions d'euros en jeu Parallèlement à cette affaire de pédophilie, existe un différend commercial de plusieurs millions d'euros entre Jaouad Kadiri, PDG de JK Hotels qui porte l'essentiel des accusations contre M. Finet dans les faits de pédophilie, et M. Finet, lui-même, en tant que cadre du groupe Mandarin Oriental. Chacune des deux sociétés «réclame un indemnisation à l'autre pour la rupture des contrats en cours», explique Karine Bertonnet, attachée de presse du groupe JK Hotels. «Le groupe hôtelier Mandarin Oriental a récemment reçu, dans ce cadre, un jugement en sa faveur pour le versement d'une indemnisation de 3 millions d'euros. Cette somme correspond à une partie des réclamations du groupe vis-à-vis du propriétaire [Jaouad Kadiri, nldr] concernant la rupture du contrat de gestion et l'échec de ce dernier à rembourser les prêts consentis, à l'époque, par le Groupe Mandarin Oriental», explique le groupe lui-même dans un communiqué. Rendu le 12 septembre par la Hight Court en Angleterre, le «Ce jugement n'est pas exécutoire au Maroc», précise Karine Bertonnet. Pour le Mandarin Oriental et les avocats de M. Finet, cette affaire serait le véritable fondement des attaques de M. Kadiri contre M. Finet. «Monsieur Patrick Finet est la victime et l'otage d'un chantage commercial au Maroc», estiment ses avocats. Pour Mandarin Oriental, les attaques pour pédophilie de JK Hotels pourraient«être une tentative de déstabilisation menée par le propriétaire, Jaouad Kadiri, en vue de ternir la réputation de notre groupe et détourner l'attention du litige commercial.» «La médiatisation de l'affaire n'est en rien liée à la société JK Hôtels, se défend la société marocaine par la voie de son attachée de presse, qui ne voit pas par ailleurs comment cela pourrait «détourner» l'attention du litige commercial, qui fait l'objet de procédures confidentielles». Les conclusions du procès de Anas E. et Brahim Khalil E. permettront, indirectement, de faire en partie la lumière sur les fondements des accusations de pédophilie portées contre Patrick Finet.