Le ministère de l'Intérieur compte exercer davantage de contrôle sur les présidents des communes. Un retour à l'ère de la centralisation marqué par une offre alléchante aux notables analphabètes. Détails. Bonne nouvelle pour les notables analphabètes. A quelques jours de la rentrée politique, le gouvernement Benkirane prépare à cette catégorie de Marocains, un jolie cadeau. Ils pourront, de nouveau, prétendre à la présidence des conseils municipaux. Depuis douze ans, l'obtention au moins du certificat des études primaire était exigée pour accéder à ce poste de responsabilité. L'avant-projet de loi organique des communes compte abroger l'article 28 de la Charte communale adoptée en 2002 par les deux Chambres du parlement et amendée en 2009. Celui-ci stipule, en effet, que "ne peuvent être élus présidents ni en exercer temporairement les fonctions, les membres du conseil communal, ne justifiant pas au moins d'un niveau d'instruction équivalent à celui de la fin des études primaires". Un retour en arrière La mouture présentée par le ministère de l'Intérieur constitue un retour en arrière. Sachant que certains partis politiques et des associations s'attendaient à une modification de l'article 28 mais dans le sens d'exiger aux candidats à la présidence des conseils municipaux un niveau d'étude plus avancé : le secondaire ou l'université. Douche froide ! Par ailleurs, l'abrogation de l'article 28 est en phase avec une réelle volonté du département de l'Intérieur d'exercer un net contrôle sur les communes. A juste titre, l'avant-projet en question, remis aux partis politiques, accorde aux gouverneurs et walis le droit de limoger les présidents des conseils au cas où ils n'appliqueraient pas les instructions émanant de l'Intérieur. Une première. Les notables analphabètes, des profils recherchés ! Le texte exige également une bénédiction des représentants de l'Administration territoriale de presque toutes les décisions des communes y compris celles se rapportant à la distribution des dons et le choix des noms donnés aux avenues. Compte tenu de ce retour annoncé à l'ère de la centralisation la plus dure, les notables analphabètes semblent être des profils très recherchés par les promoteurs de l'avant-projet de loi organique sur les communes. Peut-être un dernier espoir : le groupe des députés du PJD a l'intention de soumettre un amendement pour barrer la route de la présidence des communes devant ces profils analphabètes. Ira-t-il jusqu'au bout ? A moins d'une correction au parlement, nous assisterons dans les prochains mois à une ruée de quelques formations politiques sur ces notables analphabètes.