Pour les imams et les prédicateurs, la politique est déclaré non grata. Le ministre de tutelle explique cette interdiction par le statut un peu spécial des religieux par rapport au reste des Marocains. Selon ses dires, ils sont placés sous la bienveillance du commandeur des croyants, le garant de leurs droits. Le ministère des Affaires islamiques a fermement défendu le Dahir royal interdisant aux religieux d'adhérer à des partis politiques ou à des syndicats. Lors d'un point de presse, tenu mercredi à Rabat, Ahmed Taoufiq a justifié cette décision par la crainte que «la politique ne corrompe la religion». Le responsable a rappelé que les prédicateurs et les imams participent à toutes les consultations électorales mais seulement en tant qu'électeurs. «Ils sont libres d'élire ce qu'ils souhaitent», a-t-il précisé. Toutefois, ils n'ont pas le droit de se porter candidats ou «de représenter un courant politique. Ce qui est en contradiction avec la mission de la mosquée» a martelé Taoufiq. Laïcité ciblée Dans le cas où des religieux tiennent à prendre part à l'aventure des scrutins, ils devront impérativement présenter leurs démissions. Le cas du très controversé cheikh Abdelbari Zemzemi en est bien la preuve. Pour être candidat aux législatives de septembre 2007 à Casablanca, sous les couleurs du parti de la Renaissance et vertu, il était contraint de quitter l' «Ordre». C'est une forme de laïcité à la sauce marocaine qui est mise en place depuis des années. Mais cette séparation de la religion et de l'Etat se limite à l'exclusion du religieux de la politique. En vue d'appuyer ses dires, le ministre des Affaires islamiques s'est référé à l'article 1 du Dahir royal. Celui-ci stipule, en effet, que les préposés aux mosquées «sont placés sous la bienveillance de sa majesté le roi en sa qualité de commandeur des croyants et garant de leurs droits». Mais l'argument de Ahmed Taoufiq ne constitue pas pour autant une base légale. Que dire en effet, de l'article 42 de la loi fondamentale du 1er juillet 2011, soulignant que «Le Roi (…) veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection du choix démocratique et des droits et libertés des citoyennes et des citoyens» de ce pays. Les préposés aux mosquées semblent désormais faire figure d'exception.