Un magazine égyptien vient d'offrir au chef du Polisario une occasion pour la promotion de ses thèses au reste du monde arabe. Un entretien durant lequel, il a abordé la baisse des aides de l'Union européenne, l'option du retour aux armes, des souvenirs de Kadhafi et le manque de soutien des régimes arabes au mouvement séparatiste sahraoui. Le 25 juin, le maréchal Abdelfattah Al-Sissi effectuait une visite en Algérie. Sa première à l'étranger depuis sa "victoire" aux présidentielles du 27 mai. Deux semaines après ce déplacement, le très célèbre magazine Rose Al Youssef, dont la création par une femme remonte aux années quarante, réalise un entretien avec le chef du Polisario. Faut-il y voir l'esquisse d'une possible modification des positions du Caire sur le conflit au Sahara occidental ? Ou bien s'agit-il d'un simple geste de remerciement de la part des nouvelles autorités égyptiennes pour le ferme soutien d'Alger à la réintégration de leur pays dans l'Union africaine, après une année de suspension suite à la destitution, le 3 juillet 2013, de l'ancien président Mohamed Morsi ? L'Union européenne a réduit de 60% ses aides au Polisario Quoiqu'il en soit, Mohamed Abdelaziz a saisi cette occasion pour répéter à nouveau la menace d'une reprise des armes contre le Maroc. «Le Front fait face à des pressions de la part des jeunes, lassés de vivre dans les camps» pour le retour à l'option militaire. Bien entendu, le chef du Polisario a omis de signaler les véritables revendications de la jeunesse, réunit au sein du Mouvement du 5 mars 2011 ou dans le Mouvement jeunes pour le changement, qui réclament surtout son départ. Assumant le rôle de victime, Abdelaziz a souligné que l'UE a réduit de 60% ses aides aux camps de Tindouf. Il a attribué cette baisse aux «conséquences de la crise économique». Là aussi, il a soigneusement éludé le problème des divergences entre sa direction et les instances internationales sur la population exacte des camps de Tindouf. Depuis quelques années, les Européens au même titre que l'ONU, par le biais du HCR, ne sont plus convaincus par le chiffre de 160.000 habitants avancé par le Front. En l'absence d'un recensement, refusé à la fois par l'Algérie et le Polisario, ils envoient des aides qui couvrent les besoins de 90.000 personnes. Polisario, cherche allié désespéremment Enfin, Mohamed Abdelaziz a reconnu devant le journaliste du magazine Rose Al Yousef, que l'expérience du Front «avec les régimes arabes est douloureuse. Ils ont soutenu le Maroc avant même d'entendre notre version», a-t-il déploré. Au passage il s'est rappelé, non sans nostalgie, les années Kadhafi. L'ancien «Guide» s'était montré, en effet, très généreux avec le Polisario, notamment durant les années 70 et 80. Autres temps, autres moeurs. Hormis le régime algérien, plus aucun pays n'apporte un soutien financier ou militaire au Polisario, comme par le passé. La Libye doit contenir les véléités séparatistes en son sein. L'Egypte, quant à elle, ne devrait pas s'aliéner un Maroc qui a soutenu l'accession au pouvoir du maréchal Al-Sissi. Un rapprochement avec Alger ne changera probablement pas cet équilibre.