L'effondrement du régime du colonel Kadhafi en Libye a donné un coup dur aux adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc. Décidément la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en Libye amorce une nouvelle ère au Maghreb. Le départ de l'ex-numéro un libyen, accéléré par l'action armée menée par les rebelles soutenus par l'OTAN, a brouillé toutes les cartes dans cette région. Le Maroc est directement concerné dans cette situation à partir du moment où la Libye sous le régime Kadhafi apportait un soutien vital et inconditionnel au mouvement séparatiste du Polisario. Les observateurs de la scène maghrébine s'accordent pour affirmer que l'effondrement du régime Kadhafi a donné un coup dur aux adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume. Quatre principaux éléments, et non des moindres, appuient désormais la position du Maroc dans le cadre de ce conflit artificiel, à savoir l'implication confirmée des mercenaires du Polisario dans la répression de la révolte libyenne, la fin de l'appui historique de la Libye à la prétendue cause sahraouie, la détérioration sans précédent des relations entre la Libye et l'Algérie et la reconnaissance par le Conseil national de transition (CNT) de la marocanité du Sahara. En effet, une source du CNT, citée par le site Internet «geotribune.com», avait souligné, peu de temps après la chute de Tripoli, que quelque 556 mercenaires du front séparatiste du Polisario, appelés en renfort par les troupes de Kadhafi, ont été arrêtés par les rebelles. Selon la même source, le CNT a ordonné leur transfert vers Benghazi en attendant de «mettre la main sur le reste des éléments du Polisario se trouvant en Libye». Le CNT libyen a confirmé ainsi que le Polisario a pris part à la répression dans le sang du peuple libyen aspirant à la démocratie et à la liberté. En prêtant main forte à Kadhafi, le front séparatiste s'est contredit avec lui-même. Au moment où la vieille garde de Mohamed Abdelaziz revendique ce qu'il qualifie de droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, les séparatistes se sont opposés aux aspirations légitimes des Libyens et à leur droit de se soulever contre la tyrannie. Aussi, la chute du régime Kadhafi signifie directement la fin d'un appui moral, financier et militaire généreux apporté aux séparatistes. Depuis le milieu des années 70, Kadhafi a pris en charge le financement et l'armement des milices du Polisario dans le seul objectif de déstabiliser le Maroc. Ainsi, les séparatistes de Mohamed Abdelaziz se voient désormais privés d'un allié de taille. «La Libye adoptait une position mitigée au sujet du conflit au Sahara. Kadhafi ne reconnaissait pas le Polisario en tant qu'unique représentant du peuple sahraoui, mais il le soutenait à grande échelle», souligne Mustapha Naïmi, universitaire et membre du Corcas, dans une déclaration à ALM. «La Libye était pour beaucoup dans la force réelle du front séparatiste surtout au niveau du haut commandement. Il s'agit également d'une source de financement très importante. Avec la chute du régime Kadhafi c'est un allié de taille qui tombe pour le Polisario», ajoute M. Naïmi. Selon les observateurs, en l'absence du soutien de Kadhafi, le Polisario se sentira de plus en plus isolé et fragilisé. Un autre élément permettant de consolider la position du Maroc, c'est la détérioration des relations entre la Libye et l'Algérie. A noter que ces deux Etats ont toujours coordonné leurs actions en matière d'appui à la thèse séparatiste. Selon la source du CNT citée par le site Internet geotribune.com, les combattants anti-Kadhafi auraient trouvé dans les locaux de la chancellerie algérienne des documents particulièrement compromettants pour Alger, révélant un soutien massif au colonel Kadhafi. Les dossiers ont confirmé, selon la même source, une aide militaire et logistique algérienne à Kadhafi, outre la présence sur le sol libyen de plusieurs centaines de mercenaires du Polisario. Dans ce sens, l'Algérie a été fortement critiquée par la communauté internationale et par son propre opinion publique en raison de son appui à Kadhafi jusqu'à la dernière minute. «En raison de ces derniers développements, l'Algérie est de plus en plus marginalisée sur le plan régional», souligne M. Naïmi. Le CNT libyen déplore toujours l'accueil par les autorités algériennes de membres de la famille de Kadhafi, qualifiant d'«inadmissibles» les justifications «humanitaires» arguées par Alger. En plus de ces trois éléments, la reconnaissance par le CNT libyen de la marocanité du Sahara donne un coup fatal à la thèse séparatiste et confirme de plus en plus sa défaillance. En effet, le porte-parole du CNT libyen Jomoa Al-Gamaty a indiqué, mercredi 31 août, à Londres, que «l'avenir du Sahara ne peut être que sous souveraineté du Royaume du Maroc». Il a, en outre, exprimé le refus de son pays de morcellement et de division, soulignant la nécessité que requiert l'édification du Grand Maghreb. M. Al-Gamaty a, par ailleurs, loué la position «exemplaire et de sympathie» adoptée par le Maroc vis-à-vis de la révolution libyenne. D'ailleurs, le ministre des affaires étrangères et de la coopération, Taïeb Fassi Fihri, a réaffirmé, jeudi 1er septembre, à Paris, le soutien du Maroc à la Libye nouvelle, soulignant que le Royaume ne ménagera aucun effort pour aider ce pays à retrouver sa place dans le concert des nations, à travers ses représentants légitimes. Vers la relance de la construction maghrébine Les observateurs de la scène maghrébine s'accordent pour affirmer que la chute du régime Kadhafi devrait favoriser la relance de l'UMA pratiquement au point mort depuis sa naissance en raison du conflit au Sahara. «Il faut d'abord souligner que la politique du régime Kadhafi ne jouait guère en faveur de l'intégration maghrébine. Par-delà la rhétorique unitaire et les initiatives solennelles du colonel, la politique étrangère de la Libye sous Kadhafi se donnait comme objectif de fragiliser les régimes, voisins et même lointains, dont ils ne partageaient pas les options idéologiques ou diplomatiques», explique Abderrahim Maslouhi, professeur à l'Université Mohammed V-Agdal. «La doctrine et l'activisme de Mouammar Kadhafi ont, de longue date, constitué un facteur de blocage sur la voie de l'intégration maghrébine. Non seulement en raison du soutien du colonel au Polisario et de ses professions de foi manifestement pro-séparatistes, mais aussi parce que Kadhafi a résolument tourné le dos à tout ce qui pourrait relancer l'unité des pays arabes et maghrébins», ajoute M. Maslouhi.