Après Driss Jettou, président de la Cour des comptes, c'est au tour de Driss El Yazami, président du CNDH, de présenter un rapport devant le parlement. Une allocution de plus d'une heure 30 mn, marquée essentiellement par l'appel lancé par El Yazami au gouvernement Benkirane d'abolir la peine de mort. Dans l'après-midi du lundi 16 juin, le président du CNDH a présenté un rapport devant les membres des deux Chambres réunies du parlement marocain, une séance transmise en direct par Al Oula. Le constat le plus frappant est le nombre important de chaises vides. Des députés et des conseillers de toutes les formations, majorité et opposition, ont boudé Driss El Yazami. Ceux qui étaient présents ne semblaient guère accorder de l'importance au discours du président du CNDH. De temps à autre, les caméras capturaient des parlementaires les yeux fermés, d'autres très engagés dans des discussions ou en train de jouer avec leur portable. En revanche, rares le nombre des élus qui ont suivi l'allocution avec un intérêt. El Yazami pour l'abolition de la peine de mort Que retient-on alors de plus d'une heure et demie d'intervention de Driss El Yazami ? Sans aucun doute, son appel pour l'abolition de la peine de mort qui demeure le point saillant de son passage au parlement. Le président du CNDH a en effet saisi cette occasion pour inviter, solennellement, le cabinet Benkirane à s'engager sur la voie de l'abolition et cesser de s'abstenir lors des opérations de vote de résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU concernant cette question. La position de El Yazami lui a valu quelques applaudissements de la part des quelques parlementaires encore éveillés. Mais c'est tout. Cet appel a peu de chance d'être entendu par l'actuel gouvernement mais il apportera davantage d'eau au moulin des partisans de l'abolition. Et ils sont nombreux, aussi bien dans le tissu associatif que dans certains partis de l'opposition. Pour rappel, l'USFP et le PAM avaient présenté des propositions de loi en ce sens. Les priorités du CNDH Durant toute son intervention, Driss El Yazami est resté très courtois avec le chef de gouvernement. Cependant, le président du CNDH a tenu à titiller le gouvernement sur trois points essentiels : la création de l'instance de la parité et les projets de loi sur le travail des domestiques et la violence contre les femmes. L'adoption de ces textes accuse des retards. El Yazami s'est contenté d'en aviser, poliment, l'exécutif. Par ailleurs, le président du CNDH a tenu à corriger une idée très répandue au Maroc sur le Conseil et l'IER. El Yazami a clairement déclaré que c'est le gouvernement qui est chargé d'appliquer les recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation et non pas le CNDH. A ce titre, il a appelé le gouvernement à adhérer au TPI (Tribunal pénal international) et à mettre un terme à l'impunité.