Deux hommes, deux festivals, et deux noms très similaires: à qui le «Festival International du Rire / de l'Humour de Marrakech»? L'initiateur du premier, Fouad Khairi, veut trainer en justice l'organisateur du second, Jamel Debbouze, pour plagiat et usurpation d'intitulé. Il se serait assuré le soutien d'un avocat très expérimenté en affaires médiatiques: Maître Gilbert Collard, connu notamment des procès de Richard Virenque, Charles Pasqua et des membres de l'Arche de Zoé. Pas facile de trancher dans cette histoire où l'on entend (pour le moment) qu'une seule version. Pour mémoire, en 2006, Fouad Khairi, animateur radio, a créé à travers son agence de production KM Communication un festival du rire à Marrakech, qui a lieu, depuis, au mois de décembre de chaque année. Faute de sponsors, en fin 2009, il a été contraint de reporter la quatrième édition du festival à la fin du mois de mai, comme il l'indiquait dans une interview publiée le 12 mai dans le quotidien Soir Echos. Et c'est là qu'il apprend «soudainement que Jamel Debbouze lance son propre festival de l'humour.» Et c'est vrai; en début mai, Jamel Debbouze annonçait la tenue le 3, 4, et 5 juin 2010 du Festival International de l'Humour de Marrakech, appelé aussi le Marrakech du rire («MDR»). Un festival qui est le «fruit d'une longue réflexion» entre lui et son frère Karim, comme le confiait l'humoriste et acteur franco-marocain au Matin. Mais il était clair dès le départ que cette manifestation allait constituer une concurrence difficile à soutenir pour les organisateurs du Festival du Rire. Khairi n'aurait pas compris pourquoi les frères Debbouze ne l'avaient pas contacté, car, selon lui, «Marrakech n'a pas besoin de deux festivals internationaux du rire, la moindre des choses aurait été de me contacter pour qu'on puisse discuter tranquillement de l'éventualité de fusionner les deux événements.» Vraisemblablement, ces phrases sont tombées dans l'oreille de sourds, car aucune réaction n'est encore parvenue de Jamel Debbouze et de sa société DAB JAM à ce sujet. C'est alors que le service presse de la société de production de Fouad Khairi a envoyé, le dimanche 23 mai, un communiqué venimeux à plusieurs médias. Selon ce communiqué, la société DAB JAM de Jamel Debbouze sera accusée en justice pour «plagiat et usurpation d'intitulé, abus de notoriété sur des biens ou de des services répondant aux mêmes besoins ou ayant le même objectif», et cela autant en France qu'au Maroc. Au Maroc, Me Selwa Mjadli serait chargée de l'affaire. En France, Fouad Khairi aurait engagé un grande pointure pour importuner Jamel Debbouze. Me Gilbert Collard, Avocat au Barreau de Marseille depuis 1971, a non seulement plaidé pour des clients aussi médiatises que Charles Pasqua, Richard Virenque (dans l'affaire Festina) et les membres de l'association de l'Arche de Zoé. Il est aussi l'auteur de nombreux livres et apparaît souvent à la radio. Le contentieux porte sur le nom du festival. Car même si le premier s'appelle festival du «rire» et le second festival de «l'humour», les auteurs du communiqué estiment que le fait d'avoir le mot «rire» dans «Marrakech du rire», autre nom du festival de Jamel, prête (volontairement) à confusion. Selon eux, «Jamal Debbouze a manifesté une intention délibérée de détourner à des fins lucratives les spectateurs, en tentant de créer une confusion auprès du grand public, avec le festival international du rire de Marrakech.» Si le ton du communiqué se reproduit pendant le procès, des débats houleux s'annoncent. Car les accusations vont plus loin et un véritable combat est dépeint. D'un coté Jamel Debbouze, qui aurait «sciemment terni» l'image du festival du rire, «usant de ses procédés déloyaux et en abusant de la notoriété acquise par cette manifestation, au fil des années». De l'autre, le 'véritable' Festival du Rire, qui «grâce aux efforts inlassables et permanents de son premier créateur et initiateur Fouad Khairi, RESISTERA et poursuivra son chemin vers la gloire, permettant à son initiateur de faire montre encore une fois de civisme, et de citoyenneté réelle et responsable.» (sic.) Mais qui, pour le moment, a dû être reporté une nouvelle fois, sans nouvelles dates à l'horizon. Reste à savoir s'il ne s'agit pas, tout simplement, de deux ordres de grandeur incompatibles. A côté d'un festival du rire peinant à rassembler les financements nécessaires, les frères Debbouze tentent de mettre en place un festival d'humour d'ordre international à Marrakech qui a pour objectif d'égaler celui de Montréal. Un festival MDR qui deviendrait un des premiers rendez-vous humoristique du monde, en ne se souciant peu de concurrents sur place, vraisemblablement dépassés. Un procédé peut-être difficile à subir, mais encore plus difficile à freiner.