Le Chef du gouvernement est actuellement sous pression, car les syndicats n'ont pas oublié les promesses de campagne concernant le salaire minimum. A huit clos, Abdelilah Benkirane aurait demandé à la CGEM de concéder à une augmentation de 10% du Smig, mais le patronat s'y oppose. Les Syndicats quant à eux maintiennent la pression, rappelant que leurs voies ont été décisives pour l'élection du PJD en 2011. «Le Chef du gouvernement avait demandé à la CGEM de concéder à une hausse minimum de 10% du Smig», révèle le journal L'Economiste dans son édition de ce mardi. Hier, la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) s'est réunie pour en discuter, y compris l'indemnité pour perte d'emploi (IPE) et l'extension de l'AMO aux soins dentaires. Ainsi après de longues heures de débat, le patronat a ainsi validé l'extension de l'AMO, après avoir donné leur accord pour l'IPE. Désaccord au sein de la CGEM Par contre, le bât blesse au niveau de la revalorisation du Smig. D'après le quotidien économique, la CGEM a proposé une revalorisation de 5%. Mais les 33 fédérations réunies n'ont pu tomber d'accord. Certaines fédérations sont favorables à une hausse, mais pas cette année et à moins de 5%, indique la même source. D'autres proposent un moratoire, tandis que le reste serait favorable à «la modulation de la hausse en fonction de son impact par secteur». En clair, une grande majorité du patronat n'est pas d'accord avec l'augmentation du Smig. Les industriels du textile se défendent, estimant que ce serait trop lourd, car «ils viennent d'appliquer en janvier 2014, l'ultime tranche de la dernière augmentation». En effet, la dernière revalorisation du Smig pour les industries, le commerce et les services remonte à 2010. Mais cette augmentation s'est faite de manière progressive. De plus, estime un membre du patronat, «avec l'extension de l'AMO aux soins dentaires et l'adoption de la loi sur l'IPE, la CGEM fait trop de concessions». La réélection du PJD en 2016 en danger ? Les différentes positions des fédérations patronales ne sont pas pour arranger les syndicats dont la première revendication concerne la revalorisation du Smig. «Non seulement les centrales exigent la révision du salaire minimum, mais elles réclament aussi la préservation de la pyramide des salaires. Ce qui devrait se traduire par une augmentation générale», indique le secrétaire général de l'Union marocaine des travailleurs (UMT), Miloudi Moukharik. D'après lui, les syndicats n'ont pas oublié la promesse d'Abdelilah Benkirane pendant la campagne électorale de 2011. Le chef du gouvernement s'était en effet engagé à porter le Smig à 3 000 dirhams contre environ 2 333,76 dirhams actuellement. «C'est bien grâce au vote de cette population que le PJD a été élu», tient à rappeler M. Moukharik. Justement, les prochaines élections attendues en 2016 approchent à grand pas. Le chef du gouvernement ne voudra certainement pas perdre cette base électorale, surtout que celle-ci s'est clairement faite entendre lors des manifestations de février dernier. Pris entre le marteau (syndicats) et l'enclume (patronat), Benkirane doit désormais trouver une ligne médiane afin de contenter tout le monde, et surtout ne pas plomber les chances de son parti pour les prochaines échéances électorales.