Human Rights Watch vient de publier son rapport mondial 2014. Pour le cas du Maroc, l'organisation dresse un sombre tableau de la situation des droits de l'homme. Entre libertés d'expression, de réunion et d'association fortement compromises, et non respect des droits des femmes ou encore ceux des employés domestiques, la mise en œuvre des réformes entreprises dans la constitution de 2011 tarde, selon l'ONG. Les réformes relatives aux droits humains contenues dans la constitution du Maroc de 2011 «n'ont pas conduit à l'amélioration des pratiques, à l'adoption de la législation d'application, ni à la révision des lois répressives», déclare Human Rights Watch (HRW) dans son rapport mondial 2014 publié ce mardi 21 janvier. L'organisation déplore le fait qu'en 2013, la liberté d'expression tant au niveau de la presse que des citoyens a été à plusieurs reprises bafouée. «Les lois qui criminalisent des actes considérés comme nuisibles pour le roi, la monarchie, l'islam, ou la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ont limité les droits à l'expression, la réunion et l'association pacifiques», estime HRW. Les exemples ne manquent pas. L'organisation rappelle l'arrestation d'Ali Anouzla en raison d'un article décrivant, et fournissant un lien indirect vers une vidéo militante islamiste de recrutement attaquant le Roi Mohammed VI. L'ONG évoque également, entre autres, la violente intervention de la police lors de la manifestation du 2 août contre la grâce royale accordée au pédophile espagnol, Daniel Galvan. De plus, les critiques de HRW sont également portées sur les représailles des forces de sécurité lors des manifestions au Sahara. HRW dénonce également l'emprisonnement de nombreux citoyens «suite à des procès inéquitables» ainsi que les traitements notamment de «torture» qui leurs sont souvent réservés. L'organisation n'a pas omis d'évoquer l'état des prisons et les mauvaises conditions de détention des prisonniers au Maroc. Les filles employées domestiques continuent d'être maltraitées L'ONG américaine a aussi à dénoncer le cas des employés domestiques. «Malgré des lois interdisant l'emploi des enfants de moins de 15 ans, des milliers d'enfants en-dessous de cet âge — principalement des filles — travailleraient comme domestiques», estime l'ONG dans son rapport. «Dans certains cas, les employeurs frappent les filles et les agressent verbalement, les empêchent de recevoir une éducation et ne les nourrissent pas correctement» ajoute-t-elle. Sans parler des longues heures de travail auxquelles ces enfants sont contraints (jusqu'à 12 heures par jour), «pour seulement 11 US$ par mois», souligne l'organisation. Outre cela, les droits des femmes continuent d'être bafoués. HRW déplore que le Code de la famille contienne des «dispositions discriminatoires pour les femmes en matière de succession et le droit pour les maris de répudier unilatéralement leurs épouses». Pourtant, la constitution de 2011 garantit l'égalité homme-femme. Toutes ces critiques mettront davantage la pression sur le Maroc qui a récemment été nommé membre du conseil des droits de l'homme de l'ONU. A cette occasion, HRW avait appelé Rabat à respecter ses obligations en la matière. Certainement, le royaume sera-t-il suivi de près sur ces questions tout au long de cette année. Globalement, le rapport mondial 2014 de Human Rights Watch fait état d'une forte «menace» dans de nombreux pays dans le monde, notamment en Afrique et dans certains pays du Moyen-Orient. Concernant le cas syrien, l'ONG estime que celui-ci «échappe à tout contrôle», car la position de la Russie et la Chine empêche le conseil de sécurité des Nations Unies d'oeuvrer pour la paix.