Rachid Yazami, ingénieur et chercheur marocain, vient de se voir récompenser par la National Academy of Engineering (NAE), basée à Washington. Ses travaux déterminants dans le développement des batteries lithium rechargeables lui ont valu le Prix Draper, équivalent du Nobel pour les ingénieurs. C'est une fierté pour le Maroc et la France. Rachid Yazami, chercheur marocain ayant fait la majeure partie de sa carrière dans l'Hexagone, vient de se voir distinguer par la prestigieuse National Academy of Engineering (NAE), basée à Washington. Celle-ci l'a désigné lauréat du prix Charles Stark Draper pour l'année 2014, a annoncé cette institution, lundi 6 janvier, dans un communiqué, une sorte de prix Nobel dans le domaine de l'ingénierie. La récompense, décernée depuis 1989 et dotée de quelques 500 000 dollars, lui a été décernée en guise de «reconnaissance à ses travaux déterminants dans le développement des batteries lithium rechargeables, il y a 30 ans». Elle lui sera remise officiellement le 18 février 2014, lors d'une cérémonie prévue dans la capitale fédérale américaine, coïncidant également avec le 25e anniversaire du prix en question. De Fès à Singapour en passant par Grenoble Pour Rachid Yazami, tout a commencé il y a plus de quarante ans, à Fès où il a obtenu en 1971 son bac en sciences mathématiques. Après avoir étudié une année à l'université Mohammed V de Rabat, il part à Rouen, dans le nord-ouest de la France, pour intégrer des classes préparatoires. En 1978, il est admis à l'Institut Polytechnique de Grenoble (INP) où il obtient un premier diplôme. Mais aux yeux de Rachid Yazami, ce n'est pas suffisant. Il part alors au Laboratoire d'adsorption et réaction de gas sur solide (LARGS), associé au CNRS, où il décroche un doctorat sur «les composés d'insertion du graphite, qui sont des matériaux complexes utilisés dans les électrodes des batteries», explique-t-on sur le site de l'INP. Pour ce qui est du travail qui lui a valu aujourd'hui le prix Draper, il a été réalisé en 1980. Durant sa thèse, Rachid Yazami devient, en effet, le premier à «réussir à intercaler du lithium dans du graphite de façon réversible. Pour cela, il a eu l'idée géniale d'utiliser un électrolyte solide et non pas liquide comme cela était classiquement fait à l'époque. Le lithium est inséré dans le graphite sans encombre pour se comporter au final comme une anode de batterie», précise l'institut grenoblois. Durant cette même période, l'Américain John Goodenough met au point une cathode qui permettra au Japonais Akira Yoshino, cinq ans plus tard, de réaliser le premier prototype de la batterie à ion lithium. Celle-ci sera introduite sur le marché en 1991, grâce un autre Japonais du nom de Yoshio Nishi. Ces trois derniers ont également eu droit à la même récompense de la NAE. Depuis la présentation de sa thèse, Rachid Yazami a travaillé pour le Centre national de recherche scientifique (CNRS), enseigné à l'Université de Kyoto ou encore au California Institute of Technology (Caltech) à Los Angeles. A l'heure actuelle, il est professeur en énergétique à Nanyang Technological University à Singapour.