À l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire 2019-2020, l'Université privée de Fès (UPF) a rendu hommage au marocain Rachid Yazami, l'un des chercheurs les plus distingués dans le monde des batteries au lithium. L'Université privée de (UPF) a accueilli récemment le Dr Rachid Yazami, l'un des chercheurs les plus réputés dans le domaine des batteries au lithium. Lors de son intervention à l'UPF à l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire 2019-2020, Yazami a mis l'accent sur la nécessité d'augmenter le budget alloué à la recherche scientifique et technique au Maroc. Connu par sa maxime «Ce que les Chinois peuvent faire, les Marocains peuvent le faire aussi», Rachid Yazami, qui a animé une conférence sous le thème, «les batteries au lithium, un défi du 21e siècle», a mis en valeur la stratégie énergétique du Maroc. Cette dernière a pour ambition d'atteindre 52% de l'énergie électrique sous forme d'énergie renouvelable à l'horizon 2030, ce qui est considéré comme un record mondial. Dans ce cadre, le spécialiste des batteries a précisé que «le Maroc peut stocker ses énergies propres qui sont par définition intermittentes (l'énergie éolienne, solaire, hydraulique et géothermique), pour les utiliser la nuit en cas de besoin». Le chercheur a expliqué que le Maroc doit profiter de la situation des pays avancés, en particulier en Asie. «J'encourage nos jeunes chercheurs marocains à aller explorer les pays asiatiques, comme Singapour, le Japon, la Corée ou encore la Chine parce que c'est là où les dernières technologies sont fabriquées. Actuellement, pratiquement 90% des batteries dans le monde sont fabriquées en Asie. Les Chinois ont compris ceci il y a une quinzaine d'années puisqu'ils se sont mis à envoyer leurs meilleurs étudiants et ingénieurs dans les meilleures universités américaines, ce qui leur a permis actuellement d'occuper 65% de l'industrie des batteries au lithium dans le monde», déclare le chercheur marocain. Concernant son élimination du prix Nobel, Yazami se dit «surpris» par le choix du comité Nobel. «Le jury a couronné deux cathodes (Goodenough et Whittingham) et celui qui a réalisé le premier prototype qui fonctionne (Yoshino) et a oublié qu'une batterie a besoin d'une anode qui marche», sous-entendu la sienne. «L'élimination du prix Nobel a été un choc pour moi, j'ai ressenti une injustice et une incompréhension. Malheureusement, on ne peut donner le prix Nobel qu'à trois chercheurs, pas quatre», explique-t-il. Natif de Fès en 1953, Rachid Yazami est le premier scientifique arabe à découvrir en 1980 l'anode graphite pour les batteries rechargeables au lithium, utilisées actuellement dans des téléphones mobiles et les voitures. Il est le concepteur d'une puce capable de recharger les batteries des smartphones et les véhicules électriques en seulement dix minutes. Ces batteries au lithium appliquées aux voitures contribuent grandement à la protection de l'environnement. Yazami a fréquenté les lycées Moulay Rachid et Moulay Driss à Fès, avant d'être admis à l'Institut polytechnique de Grenoble (INP) où il a occupé par la suite le poste de directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il a été professeur invité dans plusieurs universités dans le monde et occupe actuellement le poste de professeur en énergétique à Nanyang Technological University (Singapour). Décoré par le roi Mohammed VI du Wissam Al Kafaa Al Fikria en 2014, Rachid Yazami compte à son actif plusieurs dizaines de brevets étendus dans le monde et quelques centaines de publications scientifiques. Il est aussi lauréat en 2014 du prestigieux Prix Charles Stark Draper de la National Academy of Engineering (NAE) de Washington, équivalent du Nobel pour les ingénieurs, lauréat en 2018 du Prix «Innovation scientifique et technologique» dans le cadre de l'initiative «Takrim 2018» qui lui a été décerné au Koweït et titulaire en 2019 du Prix Arab Investor Award dans la catégorie «Green Application».