Le Maroc serait-il devenu aujourd'hui une terre d'asile pour les fugitifs israéliens ? C'est la question que se pose la presse de l'Etat hébreu cette semaine, après le scandale suscité par le rabbin israélien, accusé de pédophilie et de viol, qui se cachait à Marrakech. L'affaire du rabbin israélien, poursuivi pour pédophilie dans son pays et qui se cachait au Maroc, n'est pas prête d'être oubliée. La presse israélienne, qui se demande si la multiplication de ce genre de scandales pourrait menacer le bien-être des juifs du royaume, en est bien consciente. Dans un article intitulé «Nouvelle terre d'accueil pour les fugitifs israéliens ? Le Maroc», l'agence de presse Jewish Telegraphic Agency (JTA) tire la sonnette d'alarme. Eliezer Berland a, en effet, beaucoup fait parler de lui durant ces derrières semaines au Maroc, tout comme en Israël. Ce rabbin de 76 ans, leader de la Yeshiva Shuvu Banim, un mouvement judaïste hassidique, est accusé dans son pays de viols sur plusieurs petites filles pendant les entretiens «spirituels» qu'il effectuait avec ses fidèles. Il est également suspecté d'avoir violé des femmes, dont certaines mariées. Le rabbin qui dérange Lorsque deux de ses victimes décident de porter plainte contre lui, l'homme fuit l'Etat hébreu pour atterrir finalement au Maroc, et plus précisément à Marrakech. Il trouve alors refuge sur place et pousse même quelques uns des membres de sa communauté à venir s'installer à ses côtés. Une situation qui n'a pas été du gout des juifs du Maroc. «Berland a été la dernière goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il fallait vraiment qu'il parte du Maroc», a fait savoir Sam Ben Chetrit, président de la Fédération mondiale des juifs du Maroc, cité par JTA. Après l'expiration de son titre de séjour, les autorités marocaines «ont refusé de le lui prolonger». Il a dû quitter le royaume fin novembre, pour aller se réfugier au Zimbabwe, croit savoir la même source. Des dizaines d'autres fugitifs Si le rabbin est à présent hors du Maroc, le scandale qu'il a suscité a attiré l'attention de la presse sur les «dizaines d'autres fugitifs israéliens» qui auraient trouvé refuge au royaume durant ces dernières années. Parmi eux, il y aurait plusieurs membres influents de la mafia israélienne qui, selon la police, auraient investi plus de 20 millions de dollars au Maroc. JTA cite, entre autres, des noms comme Meir Abergil, condamné pour extorsion, Moshe Elgrably, recherché pour trafic de drogue et Shalom Domrani, décrit comme une puissante figure du crime organisé dans le sud d'Israël. «L'émergence du Maroc comme un nouveau refuge pour la mafia israélienne est une chose très mauvaise pour les relations qu'ont les juifs avec les musulmans là-bas et de nombreux juifs marocains le savent. La dernière chose dont nous avions besoin est d'un délinquant sexuel», déplore Sam Ben Chetrit. Selon JTA, qui cite plusieurs sources marocaines, Gabriel Ben-Harush, un Israélien impliqué dans des affaires de blanchiments d'argent notamment, serait également au Maroc. Mais ce n'est pas tout. L'homme aurait été vu à plusieurs reprises en compagnie Eliezer Berland, le rabbin accusé de pédophilie. Il l'aurait même aidé à organiser son voyage pour le Zimbabwe. Ces révélations interviennent au moment où deux propositions de loi incriminant toute normalisation des relations avec Israël, sont à l'étude au Maroc. Déposés par les cinq principaux groupes parlementaires, dont celui du PJD, ces textes appellent à raffermir l'arsenal juridique marocain pour empêcher «les échanges commerciaux» ou «financiers» avec Israël. Ils préconisent également de restreindre la participation de citoyens marocains aux activités impliquant Israël.