Après avoir grignoté quelques pouvoirs au puissant DRS, Bouteflika entend récupérer sa place sur la scène africaine. Une réunion des partisans du Polisario à Abuja lui a offert l'opportunité. Le président algérien est pour l'élargissement du mandat de la Minurso au Sahara occidental. Ire au Maroc mais surtout à la MAP. Le gouvernement Benkirane n'a pas encore commenté les propos de Bouteflika. De nouveau, la tension monte entre le Maroc et l'Algérie. Cette fois, c'est Abdelaziz Bouteflika qui a rajouté un peu d'huile sur le feu diplomatique entre les deux pays. Le président convalescent a adressé, lundi, un message aux participants à une réunion de soutien au Polisario, Abuja au Nigeria, dans lequel, il a estimé que «plus que jamais d'actualité la nécessité de mettre en place un mécanisme international de suivi et de surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental». Il y a ensuite ajouté que «l'organisation des Nations unies, particulièrement le Conseil de sécurité sont, au quotidien, interpellés par les violations massives et systématiques des droits de l'Homme, qui ont lieu à l'intérieur des territoires occupés, pour réprimer la lutte pacifique des citoyens pour la liberté d'association, de manifestation et d'expression, ne seraient laisser la communauté internationale indifférente». La MAP riposte Immédiatement après cette sortie du locataire du palais Al Mouradia, l'agence officielle MAP riposte. «L'Algérie par la voix de son président, s'est encore une fois adonnée à son exercice favori consistant à contrecarrer la dynamique de recherche d'une solution politique consensuelle et négociée de la question du Sahara, dans laquelle s'est inscrit de bon aloi le Royaume du Maroc», lit-on dans la dépêche. «Assurément, dans ce jeu d'instrumentalisation du droit international et des droits de l'homme plus spécialement, l'Algérie ne trompe plus personne», indique la même source. Hier, le JT francophone de 2M a consacré une bonne dizaine de minutes, avec à la clé un reportage, des déclarations d'un journaliste de la MAP, un invité sur le plateau et le tout est agrémenté de photos du président algérien bien malade lors de réunions avec ses proches collaborateurs. C'est donc une riposte médiatique à l'offensive politique du président algérien. Bouteflika sur les traces de John Kerry Deux jours après son message à la conférence d'Abuja, Abdelaziz Bouteflika récidive. Hier, à l'occasion de journée mondiale de l'ONU, le président algérien, dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, a réitéré «le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination». A une semaine de la visite annoncée en Algérie, les 6 et 7 novembre, du chef de la diplomatie américaine, les messages du président Bouteflika sont sur la même longueur d'onde que le rapport de John Kerry sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. La perspective d'une harmonisation, au conseil de sécurité en avril prochain, des positions de deux pays sur l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme est donc à prendre avec sérieux par le Maroc. La diplomatie marocaine, et surtout royale, est ainsi prévenue. C'est à elle de se préparer à cette échéance en mobilisant ses soutiens à l'intérieur des Etats-Unis, en Europe et dans les pays du Golfe en vue de faire avorter toute proposition allant dans ce sens.